Depuis décembre 2012, le gouvernement a lancé un grand débat sur la transition énergétique. La démarche vise à consulter les acteurs des différents secteurs de l’énergie et les citoyens sur les grandes orientations que doit prendre la France en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique. Cette concertation se déroule dans toute la France jusqu’en juillet 2013 et doit conduire à l’élaboration d’un projet de loi de programmation pour octobre 2013.
Malgré son importance, ce débat souffre pourtant d’une très faible couverture médiatique. La faute à une répartition des travaux qui favorise la consultation des experts et des acteurs économiques, aux dépens des débats publics centrés sur les territoires et constitués d’un nombre limité de citoyens tirés au sort. La grande journée citoyenne du 25 mai a ainsi récolté les avis de 1 500 citoyens répartis sur onze régions de France métropolitaine et trois départements d’Outre-mer. Selon le ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie, ce panel recruté au hasard par des instituts de sondage spécialisés est censé faire émerger des positionnements de citoyens sur la transition énergétique. Cette consultation du 25 mai a par ailleurs montré que les Français étaient assez peu conscients des solutions possibles pour réaliser des économies d’énergie en aval, estimant que l’effort devait d’abord être porté par l’Etat et les collectivités, les entreprises et les industriels.
L’autre difficulté de ce débat national est que la complexité de sa thématique empêche l’émergence d’un consensus clair. Le débat conduit à la confrontation de visions extrêmement différentes en matière de production et de distribution de l’énergie. Aux défenseurs du développement des énergies renouvelables et des réseaux intelligents s’opposent les partisans du tout-nucléaire et d’un réseau centralisé s’adaptant à la demande, sans compter le lobbying des industriels pour l’exploitation du gaz de schiste.
Penser pour faire de la France la nation de l’excellence environnementale, le débat sur la transition dérive rapidement sur la question de l’approvisionnement énergétique du pays.
Mathieu Ravignan
Crédit photo : @sheggy