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Entre réalité et science-fiction : l’animation suspendue, avenir de la médecine d’urgence ?

Jusqu’ici laissée à l’esprit imaginatif d’une poignée de fans de science-fiction, l’animation suspendue –ou biostase- pourrait aujourd’hui devenir réalité. C’est en tout cas ce que révèle l’hôpital américain Pittsburgh en Pennsylvanie, qui s’apprête à tester cette méthode révolutionnaire sur des patients cliniquement morts. Repoussées toujours plus loin, ces expériences aux frontières du réel posent aussi un véritable problème éthique. 

En finir avec les méthodes traditionnelles de réanimation      

Certaines victimes, en état d’arrêt cardiaque après un accident grave, sont encore aujourd’hui traitées avec les méthodes de réanimation traditionnelles, bien souvent fort peu efficaces. Avec des chances de survie infimes –moins de 10%-, ces techniques médicales montrent aujourd’hui leurs limites. Motivés par la volonté de sauver le plus de vies possibles, les médecins et chercheurs américains espèrent généraliser une méthode de soin révolutionnaire, l’animation suspendue.

En permettant de sauvegarder les facultés vitales du corps humain par le froid, la biostase utilise en quelque sorte les techniques de cryogénisation déjà connues de la médecine. En effet, le corps humain est préservé par le froid, laissé à une température bien inférieure (10 degré environ) à sa température normale et survit ainsi, même en état d’arrêt cardiaque, dans un état de stase pendant quelques heures. Cependant, à ce niveau, le patient est en état de mort clinique, ne respire plus, se retrouve sans activité cérébrale et est totalement vidé de son sang. Notons tout de même que cette méthode baptisée  EPR-CAT(Emergency Preservation and Resuscitation for Cardiac Arrest from Trauma) restera limitée dans le temps –deux heures tout au plus- et ne devrait durer que le temps de soigner les blessures d’un patient, par exemple touché à plusieurs reprises par balles ou arme blanche.

Le patient dans un état de « vie ralentie »

Dans un état « vie ralentie », il sera plus aisé pour les médecins de guérir les blessures des  patients. Si ces méthodes de refroidissement du corps restent déjà connues et utilisées –sans commune mesure avec le projet de l’hôpital Pittsburg- par les médecins en cas d’urgence, les difficultés pour faire revenir un patient de cet état restent problématiques. Le retour à une température corporelle stable est en effet délicat et nécessite auparavant le remplacement progressif du sang par une solution saline froide, puis un processus inverse d’évacuation de cette solution saline ensuite.  Enfin, peu à peu, le patient retrouve ses capacités physiques et mentales et émerge peu à peu de l’état second dans lequel il se trouvait.

Biostase et éthique : l’épineuse question des limites de la médecine.

Cependant, une telle révolution scientifique et médicale ne va pas sans certaines questions éthiques. Déjà testée sur des porcs par le Dr. Rhee et son équipe, cette méthode a donné des taux de réussite réellement impressionnants, avoisinant les 90 %. Mais sur des humains, le problème prend sans nul doute une toute autre ampleur. En effet, ni les familles des victimes, ni évidemment les patients eux-mêmes ne peuvent être prévenus d’une telle décision tant la durée de l’opération est courte, chaque minute aggravant potentiellement le cas du patient et accélérant ainsi l’heure de sa mort. Approuvée par la « US Food and Drug Administration », l’animation suspendue pourra finalement être utilisée sur des humains mais devra tout de même être réservée aux cas les plus graves. Mais pour le Dr Rhee, cette méthode constitue une véritable avancée scientifique et une formidable espérance médicale. « Chaque jour au travail je déclare des gens décédés. Ils n’ont pas de signes de vie, pas de pouls, pas d’activité cérébrale. Je signe un papier, sachant au fond de mon cœur qu’ils ne sont pas vraiment morts, que je pourrais à ce moment-la les mettre en état de vie suspendue » explique-t-il au magazine Forbes. Réel espoir médical, il faudra cependant attendre les premières opérations pour se faire une idée de l’efficacité concrète de la biostase, qui pourrait bien passer de rêve à réalité.

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