Info ou intox, Google prétend avoir atteint la suprématie quantique. Dans une guerre des technologies toujours plus rude, le géant américain vient peut-être d’accéder au Graal. Peut-être, car des voix s’élèvent pour affirmer le contraire.
La suprématie quantique en résumé
Plus qu’un simple concept la suprématie quantique repose sur des valeurs théoriquement quantifiables. Entre autres au lieu de se soustraire aux systèmes des bits, reposant sur des valeurs simples de 0 ou de 1, les processeurs quantiques eux, se soustraient aux qubits. Des qubits qui à une échelle infinitésimale possèdent une infinité d’états possibles. Dans la même veine que le chat de Schrödinger – célèbre expérience de pensée – ou de l’intrication quantique – concept physique plus complexe –, ces qubits sont en mesure de faire, du fait de leur particularité, plusieurs calculs à la fois, chose dont les bits ne sont pas capables. En résumé donc, les qubits permettent aux ordinateurs quantiques de réaliser un nombre d’opérations plus important et bien plus rapidement que n’importe quel autre ordinateur ne serait en mesure de le faire. La question est donc de savoir si Google, comme il le prétend, a été en mesure d’atteindre cet état.
Un cap atteint mais avec des réserves
S’il ne fait aucun doute que le géant américain a atteint un certain cap dans la recherche quantique tout n’est tout de même pas aussi rose qu’il le prétend. Avec son processeur Sycomore 54 qubits, Google affirme qu’il a pu réaliser un calcul en l’espace de 300 secondes là où un supercalculateur actuel aurait mis plus de 10 000 ans à achever l’opération. Vérité ou spéculation ? IBM a fait son choix. En effet, l’autre géant américain affirme lui qu’en changeant certains paramètres, le calcul n’aurait pris non pas 10 000 ans, mais 2,5 jours. En procédant notamment à l’ajout de RAM ainsi que de capacité de stockage suffisante pour permettre l’accumulation de données. S’il faudra attendre encore un peu pour déterminer lequel des deux a raison, il n’en demeure pas moins que Google prouve là encore, une fois de plus, sa capacité à innover rapidement dans des secteurs qui, a priori, ne constituent pas à l’heure actuelle de réelles priorités pour le marché. Cela fait donc naître nombre de questions auprès de nombreux professionnels, qui y voient là une aberration tant l’utilité pour l’heure demeure négligeable.
Quelle utilité pour les ordinateurs quantiques ?
Si l’utilisation des qubits et des ordinateurs quantiques ne demeure – à l’heure actuelle – pas évidente, pour Google il en est tout autre. Ainsi la multinationale américaine l’affirme, son avancée se place dans la lignée de celle des frères Wright, auteurs du premier vol motorisé en 1903. Vol qui au passage n’avait duré que 12 secondes. S’il est évident que des applications futures dans l’industrie ou dans les intelligences artificielles pourraient voir le jour, c’est à d’autres secteurs qu’il faudra penser en priorité. Des secteurs comme la modélisation moléculaire, ou encore la cryptographie voire les méthodes de chiffrement les plus avancées. Des méthodes s’appuyant généralement sur des clés RSA dites inviolables et qui, en quelques secondes pourraient être facilement déchiffrées, au risque de voir ses données bancaires transmises à n’importe qui. Pour cela la recherche en cryptographie a déjà pris les devants, et selon le physicien Danil Hennequin, via 20minutes, “Elle est même plus avancée que l’ordinateur quantique”. De quoi rassurer nombre de personnes.
IBM déjà en avance
Enfin et il faut le préciser, Google n’est pas le seul à s’intéresser aux ordinateurs quantiques. En effet c’est IBM, celui-là même qui remettait en question les dires de Google qui, le premier, a dévoilé un ordinateur quantique. Un ordinateur composé de 7 qubits dévoilé à New York dès 2018. Un ordinateur et un Q system One – premier ordinateur quantique commercial au monde – dévoilé lui au CES 2019 qui se tenait en début d’année à Las Vegas. Une belle façon donc de lancer la course à la suprématie quantique. Ce à quoi Google a donc, sans doute, répondu dès ce mois d’octobre pour intensifier encore plus sa future position sur le marché de l’innovation quantique. Innovation qui, faut-il le rappeler, demeure autant de la théorie que de la communication, tant il est complexe aujourd’hui de déterminer si oui ou non, de telles technologies même très récentes et balbutiantes existent bel et bien.