Vers la fin des années 2000, un communiqué de presse de l’IFPEN (Institut français du pétrole et des énergies nouvelles) provoquait l’enthousiasme dans le monde de la vulgarisation scientifique. Il annonçait que l’hydrogène naturel est présent sur les continents, en plus d’être émis au fond des océans (ce que l’on savait depuis les années 1970) et dans certaines chaînes de montagnes.
Ce gaz n’émet aucun CO2
Des spécialistes en géochimie tels que le français Alain Prinzhofer ont établi l’existence d’importants gisements d’hydrogène naturel en Russie, aux États-Unis (au Kansas et en Caroline du Nord), au Brésil, au Mali, et même dans l’ouest de la France, notamment dans le Cotentin. Sans certitude, on imagine que l’hydrogène géologique provient d’une réaction chimique : la réduction de l’eau grâce au fer ferreux (Fe 2+). Pour que cette réduction se produise, il faut de la chaleur et de l’eau qui contienne le Fe 2+ en solution. Une formation géographique courante.
L’hydrogène naturel serait un vecteur d’énergie propre, renouvelable et inépuisable. Propre parce qu’il ne rejette aucun CO2. Son exploitation n’émet que de l’eau, sa forme finale dans la nature. Renouvelable et inépuisable car cette ressource est générée en un flux continu. Tout le contraire des gisements d’hydrocarbures scellés depuis des millions d’années, qui sont abandonnés entre quelques années (gaz de schiste, non conventionnel) et quelques dizaines d’années (30 ans, ou plus pour le pétrole et les gaz conventionnels).
Les lobbies du pétrole veillent sur leurs intérêts
Jusqu’à présent, l’hydrogène est en totalité fabriqué par l’homme, et ce à 94 % à partir d’énergies fossiles (méthane, pétrole, charbon), le reste par hydrolyse. Son coût est très élevé, tant sur le plan financier que sur le plan environnemental. En effet, à énergie égale, il coûte environ cinq fois plus cher que le pétrole. Et pour un kilogramme d’hydrogène fabriqué, dix kilogrammes de dioxyde de carbone (CO2) sont libérés dans l’atmosphère. L’hydrogène naturel pourrait donc être une alternative à cet hydrogène industriel et surtout aux hydrocarbures, polluants et épuisables. A condition que les décideurs et pouvoirs publics veuillent bien investir dans la recherche sur cette ressource, ensuite dans son exploitation. Aujourd’hui, les lobbies industriels présents sur d’autres niches du marché énergétique, ont un réel pouvoir sur les changements d’organisation de nos sociétés. Ils pourraient logiquement nuire à l’exploitation de l’hydrogène naturel ou au mieux la différer (probablement après 2050, date au-delà de laquelle les énergies actuelles seraient quasiment épuisées).
Le Mali, pionnier de l’exploitation de l’hydrogène naturel
Pour le moment, seuls le Mali et le Kansas ont lancé l’exploitation industrielle, à petite échelle, de l’hydrogène naturel. Au Mali particulièrement, une unité pilote de la société canadienne Petroma Inc fournit de l’électricité verte au village de Bourakébougou, à partir de ce gaz. Un bien maigre résultat pour un gaz aux énormes potentialités, dans la transition énergétique qu’amorce l’Humanité.