C’est un article du New York Times qui fait grand bruit. Certains experts auraient mis au point des cornes de rhinocéros en crin de cheval pour sauver l’espèce. Et si beaucoup restent divisés, l’innovation sur le plan théorique pourrait quant à elle permettre de sauver de nombreux animaux.
Une espèce encore menacée
Comme le souligne le New York Times dans son article, la population de rhinocéros compte un recul des décès plutôt encourageant. Néanmoins, ce ne sont pas moins de 892 individus qui ont été les victimes d’une chasse infâme en vertu de leurs cornes en 2018. Et s’ils étaient 1 349 à en faire les frais en 2015, demeure toujours une préoccupation de tous les instants. En effet l’espèce compterait à ce jour un peu plus de 24 000 animaux.
Des animaux cible prédisposée des braconniers en raison de leur corne. Une corne qui peut s’échanger pour des sommes conséquentes sur les marchés noirs asiatiques. C’est d’ailleurs là qu’entre en scène un processus. Une initiative venue de crin de cheval. En effet certains universitaires ont tout simplement mis au point un substitut de corne de rhinocéros. Une corne bis, qui comporterait les mêmes caractéristiques, c’est du moins ce qu’affirme Fritz Vollrath, chercheur et biologiste à l’université d’Oxford “Nous n’essayons pas de supplanter les douaniers sur le terrain, les douaniers vigilants et la protection de l’habitat du rhinocéros”. Une initiative qui vise surtout à endiguer le braconnage toujours plus massif et tentant des attributs du pachyderme.
Devancer les braconniers
C’est l’idée très simple pour répondre à l’urgence de la situation. Ces substituts de cornes de rhinocéros se comporteraient donc de la même manière qu’elles. Là aussi le Docteur précise que la signature chimique serait la même et ce, que la corne soit coupée, rasée, ou réduite en poudre. L’odeur qui se dégagerait serait même similaire à celle, réelle cette fois-ci des rhinocéros. Ainsi et toujours selon la logique de l’universitaire, le marché pourrait être inondé de ces cordes, faisant par la même occasion baisser considérablement la demande. Une innovation quasiment de process, qui en se basant sur de la macroéconomie, pourrait à terme endiguer la chasse du pachyderme. Aussi, le chercheur espère proposer une solution intelligente aux utilisateurs, démystifiant par la même occasion un objet voué aux mythes par certaines personnes.
Une initiative très mal reçue
Et si sur le papier cela reste simple et accessible, dans les faits cela l’est moins. En effet, nombre d’experts ont émis des doutes sur les chances de réussite d’une telle opération. Notamment à cause de certains courants assez puissants. La corne de rhinocéros étant encore considérée comme un artefact spécial par l’élite chinoise ou vietnamienne, en faisant aujourd’hui des statues notamment, voire des ornements ou des bijoux. Chose qui pourrait être endiguée toujours sur un process macroéconomique. La matière étant considérée comme rare, des contrefaçons de cornes de rhinocéros pourraient tout simplement la réduire au rang de “commune” et démystifier son côté unique. Bref une sorte de contre spéculation nécessaire selon lui sur un marché qui joue de la rareté de la substance pour en faire un objet d’exception.
Néanmoins des écologistes s’opposent à une telle pratique, affirmant qu’un tel processus pourrait à l’inverse stimuler la demande et faire de la corne de rhinocéros un objet de rareté couru et à la mode. En outre de nombreux agents et spécialistes précisent que de tels “faux” sont déjà en circulation sur le marché, et ne feraient que nuire au travail des autorités compétentes.
Une théorie contredite par beaucoup
Ainsi nombre de spécialistes s’opposent ouvertement à ce commerce de contrefaçons. Notamment en raison des caractères sociaux et ancestraux qui font de la corne de rhinocéros, un artefact de toute façon à part. Une vraie lutte d’influence matérialisée par l’enquête de WildAid qui précise que sur plus de 400 personnes originaires du Vietnam 23% pensent que la corne de rhinocéros a des vertus médicinales. De quoi confirmer au Dr Johnson, fondatrice de Nature Needs More, qu’il était essentiel de changer les croyances et d’éduquer les populations pour réduire la consommation. Elle le précise d’ailleurs “Les appels à la fausse corne de rhinocéros montrent simplement qu’il existe un manque de compréhension de la vraie nature commerciale et du désir des consommateurs de la demande actuelle.” Une chose reste sûre, la fin du commerce de cornes de rhinocéros est encore aujourd’hui loin d’être endiguée, malgré les mesures prises. De quoi encore donner à réfléchir sur les moyens innovants, ou non, de lutter contre ce phénomène malheureux.