Dans un rapport publié vendredi, le WWF incite le gouvernement à investir massivement dans une relance verte, notamment au niveau de la rénovation énergétique des bâtiments, les énergies renouvelables et les transports durables. L’ONG assure que cela permettrait de créer 1,8 million d’emplois d’ici à 2030.
Dans un rapport dévoilé vendredi, WWF et le cabinet Ernst & Young ont évalué les bénéfices, notamment en termes d’emplois, qu’il y aurait à placer la transition écologique au cœur de la relance économique post-covid. Selon l’ONG, cela permettrait générer 1,8 million même d’ici à 2030, dans les transports, les énergies renouvelables, la rénovation des bâtiments, l’agriculture…
Pour parvenir à cette conclusion, le cabinet d’audit Ernst & Young (EY), sollicité par WWF, a agrégé de nombreuses données, provenant de l’Ademe (l’Agence de la transition écologique), du ministère de l’Agriculture ou encore de la Commission européenne. Son rapport s’appuie aussi sur l’ensemble des propositions remises par les citoyens dans le cadre de la consultation « Inventons le Monde d’Après », ainsi que celles de la Convention Citoyenne pour le Climat.
Des emplois non délocalisables
WWF et EY ont élaboré trois scénarios prospectifs en y appliquant à chaque fois un modèle de prévisions intégrant plusieurs paramètres – investissement, croissance etc. – pour estimer le nombre d’emplois créés secteur par secteur. Dans le « scénario tendanciel », dans lequel l’État n’investirait pas plus dans la transition écologique que les 15 milliards d’euros qu’il met déjà aujourd’hui, il y aura une légère hausse du nombre d’emplois : des 586.000 actuels, on passerait à 588.000 en 2022 et à 631.000 en 2030. Dans le scénario « Engagements actuels », qui promet un investissement de 24 milliards annuels en 2022 et 38 en 2030 dans la transition écologique, la France enregistrera 863.000 emplois dès 2022 et 1,493 million en 2030.
Enfin, le scénario « Relance verte », qui définit pour chaque secteur des objectifs plus ambitieux encore que ceux fixés par les engagements actuels. C’est celui que préconise WWF, rappelant que lui seul permettrait « d’amorcer une transition écologique à la hauteur des enjeux ». Ce scenario permettrait la création d’un million d’emplois soutenus en 2022 et 1,8 en 2030. En plus, « Ils sont non délocalisables et l’ensemble du territoire en bénéficiera avec plus de 80 % des emplois soutenus localisés hors de l’Ile-de-France en 2030 », souligne Pierre Cannet, directeur du plaidoyer à WWF France.
Un scenario qui va coûter cher ?
Cette troisième voie impliquerait de mettre bien plus d’argent sur la table, puisqu’il s’agirait d’arriver à 29 milliards d’euros annuels investis dans la transition écologique dès la période 2020-2030 – soit 14 de plus qu’aujourd’hui – et même 44 milliards annuels vers 2030. Mais où l’exécutif trouvera-t-il ces investissements ? Pour Pierre Cannet, ces sommes importantes ne sont « pas irréalistes ». Tout en rappelant que « Les seules subventions en faveur des énergies fossiles coûtent annuellement 18 milliards d’euros aux finances publiques », le responsable de l’ONG renvoie vers le plan de relance de 750 milliards d’euros, dont 250 milliards de prêts et le reste de subvention, que propose la commission européenne.
« Sur ces montants, la France devrait bénéficier de 37 milliards à répartir sur les quatre prochaines années [soit donc un peu plus de 9 milliards par an], indique-t-il. Ce montant couvrirait déjà la majorité des 14 milliards de financements publics supplémentaires identifiés sur la période 2020-2023 dans le scénario « Relance verte ». Et il y a d’autres leviers potentiels. Les obligations vertes par exemple, qui permettent à la France d’emprunter presque à taux négatifs, le fonds européen de transition juste, ou encore la fiscalité sur les activités polluantes. », explique Pierre Cannet.