Bouygues Telecom a annoncé jeudi se préparer à retirer 3 000 antennes de téléphonie mobile Huawei d’ici à 2028 dans les zones très denses en population. L’opérateur répond ainsi à la demande du gouvernement français, qui invoque des raisons de sécurité du futur réseau 5G.
Bouygues Telecom avait bruyamment protesté, en 2019, contre la décision de l’État français limitant le recours à des équipements de réseau fabriqués par le chinois Huawei. En février dernier, l’opérateur avait même brandi le risque d’une faillite s’il devait renouveler tout son réseau mobile. Finalement, l’agence de sécurité (Anssi) a ordonné à Bouygues Telecom de s’y conformer strictement. Le groupe a donc annoncé, le jeudi 27 août, se préparer à retirer 3 000 antennes de téléphonie mobile Huawei d’ici à 2028 dans les zones très denses en population.
Des installations stratégiques à protéger d’un éventuel espionnage chinois
Bouygues Telecom, qui n’utilise déjà pas d’antennes Huawei à Paris, a expliqué qu’il ne pourra pas utiliser les antennes du fabricant chinois pour la 5G à Strasbourg, Brest, Toulouse et Rennes. Dans ces villes se trouvent des installations stratégiques pour la France, comme un port militaire, une base de sous-marins nucléaires, le siège d’Airbus, le siège du Parlement européen, ou des centres opérationnels clef en cybersécurité. Dans quatre autres villes qu’il n’a pas citées, Bouygues Telecom pourra continuer d’utiliser des antennes Huawei pour la 5G jusqu’en 2023. Pour un autre paquet de neuf villes, il devra le faire avant 2025, et pour le reste de la zone très dense, avant 2028. Bouygues Telecom opère environ 21 500 antennes sur le territoire national.
« C’est un démontage qui va se traiter sur une période de huit ans »
En revanche, le groupe de télécommunication peut toujours utiliser Huawei dans les zones dites moins denses et peu denses. Dans les zones qui ne sont pas très denses (57% de la population française), « à priori l’Etat français n’a pas de contre-indication dans l’usage des équipements Huawei » pour la 5G, a précisé Olivier Rossat, président de Bouygues Telecom. « C’est un démontage qui va se traiter sur une période de huit ans », ce qui est « assez raisonnable en termes d’impact financier dans nos résultats opérationnels », a-t-il ajouté. Bouygues négocierait actuellement avec l’Etat une compensation financière pour l’obligation de démonter les antennes existantes Huawei dans les zones très denses, et l’impossibilité d’en installer de nouvelles à ces endroits.
Paris contente à la fois Washington et Pékin
La décision de la France de retirer les antennes Huawei est une conséquence de la guerre que livre Donald Trump au groupe chinois. Le président américain le soupçonne d’espionner pour le compte de Pékin. Soucieuse de préserver ses intérêts de part et d’autre, Paris a choisi le juste milieu : bannir seulement Huawei des grandes agglomérations et des sites sensibles.