Bien que l’accès à l’électricité s’améliore considérablement en Afrique, près de 635 millions de personnes vivent toujours sans cette ressource sur le continent. Un problème qui pourrait être résolu grâce aux énergies renouvelables comme le solaire et l’hydrogène. Hydroma, la société d’exploration fondée par le malien Aliou Diallo, y travaille en ce moment.
Un continent aux énormes potentialités en énergies renouvelables
Malgré vingt années de croissance économique, les systèmes énergétiques de l’Afrique demeurent insuffisants. L’accès à l’électricité est passé de 40% en 2010 à 46% en 2015, mais près de 635 millions de personnes vivent toujours sans électricité. Une pénurie d’énergie qui compromet les efforts déployés pour réduire la pauvreté sur le continent et qui risque de s’aggraver car la demande en énergie croît à mesure que les villes, les populations et l’économie se développent. Selon la Banque Africaine de Développement (BAD), l’Afrique subsaharienne n’est pas près de réaliser l’accès universel à l’énergie d’ici 2030 – 7e Objectif de développement durable.
Les déficits énergétiques de l’Afrique contrastent fortement avec le potentiel du continent qui possède d’abondantes réserves de combustibles fossiles et des ressources plus abondantes encore en énergies renouvelables, dont le solaire et l’éolien. Mais, une ressource fait de plus en plus parler d’elle. Il s’agit de l’hydrogène naturel, considéré comme le candidat idéal pour la transition énergétique. Ce gaz est abondant, renouvelable, propre et moins coûteux.
La révolution verte au Mali
Contrairement aux habitudes, l’Afrique est en avance sur le reste du monde dans l’exploration et l’exploitation de l’hydrogène naturel. Elle doit cette position à Hydroma, fondée en 2012 par l’homme d’affaires malien Aliou Diallo. Cette société mène des forages depuis huit ans dans le cercle de Kati, au Mali. Elle a déjà identifié au moins 25 puis positifs, dont l’un en exploitation près du village de Bourakébougou, grâce à une unité pilote. L’électricité verte produite est distribuée gratuitement aux habitants. Constatant la réussite de ce test, Aliou Diallo a lancé en juin 2019 l’exploitation à grande échelle de l’hydrogène naturel.
Hydroma souhaite à court terme donner son indépendance énergétique au Mali. Puis se projeter en Afrique de l’Ouest et sur tout le continent, avant de se tourner vers l’Europe, où le marché de l’hydrogène est en forte croissance. La compagnie construit actuellement des champs de panneaux photovoltaïques pour la production de l’hydrogène vert. « Nous sommes présents dans une dizaine de pays qu’on a bien étudié sur le plan géologique et qui ont d’excellentes conditions de production d’électricité verte par l’éolien et le solaire. Des pays comme le Tchad, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, la Mauritanie, la Guinée Bissau, le Maroc et le Mali », a indiqué Aliou Diallo dans une interview à la chaîne Africable Télévision, début octobre 2020.
Un pipeline pour transporter l’hydrogène
Hydroma réfléchit aussi à l’exportation de sa production d’hydrogène naturel. Elle envisage transformer l’hydrogène en ammoniac ou le liquéfier pour pouvoir le transporter à travers un pipeline qui partira du Mali jusqu’aux portes de l’Europe, en passant par le Sénégal, la Mauritanie et le Maroc. Au total 4700 kilomètres de structures métalliques souterraines. « Ce n’est pas un rêve, c’est une réalisation tout à fait faisable. L’Europe même est en train de construire 23.000 kilomètres de pipeline pour le transport de l’hydrogène », a assuré Aliou Diallo. Le dirigeant a effectué en septembre un voyage en Bavière (Allemagne) afin de nouer des partenariats avec des sociétés spécialisées dans le transport de l’hydrogène avec des iso-conteneurs, où on mélange l’hydrogène au toluène.
Réduction de la pauvreté et création d’activités économiques
Aliou Diallo croit fermement que l’hydrogène naturel permettra d’« électrifier presque toute l’Afrique et donner de l’électricité aux 621 millions d’Africains qui n’en ont pas ». On pourra ainsi améliorer l’éducation dans les zones rurales, baisser considérablement le nombre de décès dus à la biomasse – bois de chauffage et charbon de bois – et réduire la pauvreté en Afrique grâce à la création d’activités génératrices de revenus. Cela s’observe déjà à Bourakébougou. Quant à l’Etat, il pourra augmenter ses recettes.