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Langues régionales : la censure du Conseil constitutionnel vivement critiquée

Un jeune qui lit un magazine corse.

Prise sur le ferry pour la Corse (été 2012). Unsplash.

 

Ce samedi 29 mai 2021, plusieurs manifestations ont eu lieu en France pour soutenir les langues régionales, censurées par le Conseil constitutionnel une semaine plus tôt. La vénérable institution avait jugé anticonstitutionnelles la méthode immersive à l’école et l’utilisation de signes diacritiques comme le tilde (~) dans les actes de l’état civil.

Colmar (Haut-Rhin), Guingamp (Côtes-d’Armor), Bastia (Haute-Corse), Lille (Hauts-de-France)… Des milliers de personnes ont manifesté en France, le samedi 29 mai, pour défendre « l’enseignement immersif » en langues régionales, censuré par le Conseil constitutionnel. Pour rappel, l’immersion correspond à un enseignement dispensé en grande partie dans une langue autre que le français.

Une semaine plus tôt, le 21 mai 2021, le Conseil a déclaré inconstitutionnels deux articles-phares de la proposition de loi du député du Morbihan Paul Molac visant à promouvoir et à protéger ces langues locales. L’un porte sur la méthode immersive à l’école et l’autre sur l’utilisation de signes diacritiques comme le tilde (~) dans les actes de l’état civil.

De la Bretagne à l’Occitanie en passant par le Pays Basque

Selon Paul Molac (Libertés et Territoires), qui était présent ce samedi parmi plus de 6 000 manifestants bretons, « la décision du Conseil constitutionnel pourrait enlever aux écoles associatives tout leur financement. Par conséquent, elles risquent de fermer bientôt. « On est dans une impasse, pour en sortir il faut modifier la Constitution », a estimé de son côté Yann Uguen, président des écoles associatives d’enseignement immersif en Breton Diwan. Outre les écoles Diwan, les cinq réseaux immersifs qui enseignent en Breton ou les Ikastolas en Basque soulignent une insécurité juridique après l’avis du Conseil constitutionnel.

« Le modèle pédagogique est largement évalué chaque année et nous avons pu prouver que ce n’était jamais au détriment du français. L’attaque est totalement irrationnelle et là, c’est la colère qui domine », a fait savoir Peio Jorajuria, président de la fédération Seaska. Par ailleurs, de la Bretagne à l’Occitanie en passant par le Pays Basque, plusieurs autres manifestations ont eu lieu le samedi 29 mai pour protester contre la décision controversée du Conseil constitutionnel.

Un sujet qui s’invite dans les élections régionales

À Bastia, les manifestants ont entonné des chants polyphoniques corses, guidé par le leader du mouvement indépendantiste Corsica Libera et président de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni. À Lille également, quelques personnes ont pris d’assaut le rectorat l’enseignement en primaire du picard pour la même cause. Même mouvement d’humeur en Alsace, une grande région encore mal intégrée.

Mais, à trois semaines des élections régionales, l’enseignement des langues régionales est forcément devenu un sujet politique. Ainsi, le premier ministre Jean Castex et le président Emmanuel Macron sont montés au créneau pour défendre les écoles immersives. Ils ont donné des garanties que rien n’entraverait l’action de ces établissements. Mais il faut bien passer de la parole aux actes.

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