Avec le bouleversement actuel du climat, les micro-algues toxiques auront de plus en plus au fil des années des conditions idéales à leur apparition et leur expansion. C’est le projet européen CoCLIME qui a tiré la sonnette d’alarme par rapport à ce sujet. Les conclusions sur la toxicité de ces microalgues et le lien avec le réchauffement ont été données en avril de cette année. La finalité du projet ? Prédire le mieux possible les nombreux effets du réchauffement de la planète sur les microalgues, leurs différentes conséquences sur l’économie côtière de l’Europe ains que sur l’être humain et sa santé.
Petits microalgues toxiques mais grands effets
La majorité des microalgues sont bénéfiques pour l’être humain. Autotrophes (conception, par un organisme vivant, de la totalité de la matière organique nécessaire par diminution de matière minérale), les microalgues se nourrissent des nutriments de l’eau de mer ainsi que du dioxyde de carbone. Elles représentent aussi un véritable tampon face aux rejets de dioxyde de carbone de l’être humain. Elles ont un rôle essentiel de pompe biologique. Néanmoins, il y en a des nuisibles, telles que Ostréopsis et Dinophysis. En effet, ces deux microalgues unicellulaires émettent des toxines nocives.
Dans la mer Méditerranée, Ostréopsis se met sur les macro-algues . Un expert spécialisé depuis 1998 sur les toxines émises par ces algues microscopiques affirme que lorsque Ostréopsis a touché la totalité des algues, elle a produit des flocons. Ces derniers sont ensuite allés en surface sous forme de fleurs d’eau. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cela n’est pas inoffensif puisque ces flocons peuvent déclencher de l’eczéma.
Pour la microalgue toxique Dinophysis, elle peut pour sa part synthétiser de multiples et variées toxines. Néanmoins, les espèces qui posent soucis aux fermes conchylicoles (élevage de coquillages) présentes dans le golfe de Gascogne, Dinophysis acuninata et Dinophysis sacculus, en émettent en majorité deux. Il s’agit de l’acide okadaïque ainsi que de la pecténotoxine.
On connaissait surtout Dinophysis car elle rendait les personnes malades lorsque l’acide okadaïque intégrait les coquillages. Ensuite, on a vu que la pecténotoxine « élimine » les cellules sexuelles des huîtres. Comme elle se détériore rapidement dans le tube digestif humain et chez les coquillages adultes, on n’était jamais parvenu à dénicher dans le passé cette conséquence nocive sur l’homme. En tout cas, ces microalgues sont un souci majeur dans l’univers des huîtres, surtout celles des nouvelles générations.
Quelles sont les options pour l’économie ?
Une ferme dotée de coquillages positifs à l’acide okadaïque (neurotoxine) peut fermer ses portes durant des mois et des mois. Ainsi, si cela a lieu sur le long terme, une augmentation de dinophysis baisserait par conséquent les récoltes de coquillages. Cela représenterait un souci économique majeur pour la France puisque le pays produit 200 000 tonnes de coquillages chaque année, ce qui correspond à un chiffre d’affaires colossal de 774 millions d’euros. Pour ce qui est des conséquences par rapport au reste de la chaîne alimentaire, les experts ne peuvent pas se prononcer à l’heure actuelle.
Afin de s’immuniser face à ces soucis économiques, les experts de l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) et de l’université de Nantes collaborent avec le comité national de la conchyliculture. Une réflexion est menée dans le but d’atténuer le plus possible les conséquences de fermetures des lieux de conchyliculture. Des pistes mènent notamment à l’aquaculture à terre ou offshore. Des options totalement différentes de la culture moderne qui nécessitent des investissements conséquents. Pour ce qui est de la Méditerranée, les experts alertent les baigneurs sur le phénomène de ces algues, qui prend donc de plus en plus d’ampleur.
Des efflorescences plus régulières
Le bouleversement du climat risque d’être un facteur favorable à l’expansion de ces microalgues. Il faut savoir que les proies de la microalgue toxique Dinophysis font face parfaitement à l’acidification. D’ailleurs, un réchauffement de l’eau jusqu’à 2,5 degrés optimise leur développement.
Parallèlement, les tempêtes de plus en plus récurrentes à cause du changement climatique, contribuent au brassage de l’eau de mer. Ainsi, cela amène en surface les nutriments, nécessaires aux microalgues. Même chose par rapport aux émissions de phosphates et de nitrates, provenant des engrais industriels. Ainsi, avec le changement climatique, Dinophysis va pouvoir tranquillement se multiplier dans les années à venir.