En Israël, la Cour suprême a statué dimanche sur l’extension de la loi sur la gestation pour autrui (GPA) aux couples homosexuels et aux hommes célibataires. Adoptée en 1996, cette loi ne s’appliquait qu’aux couples hétérosexuels et aux femmes célibataires.
« Une étape historique dans notre lutte pour l’égalité »
Les couples homosexuels et les parents célibataires israéliens seront autorisés, d’ici six mois, à recourir à des mères porteuses pour avoir des enfants, autrement dit à la gestation pour autrui (GPA). C’est ce qu’a statué ce dimanche 11 juillet 2021, la Cour suprême d’Israël. Une décision logiquement saluée par les organisations pour les droits LGBTQ, qui se battent pour son adoption depuis plus de dix ans. « La décision de la Haute Cour est une étape historique dans notre lutte pour l’égalité », a déclaré l’Association pour les droits pour les LGBTQ. « Les juges ont su prendre la décision humaine et juste que la Knesset (parlement monocaméral de l’État d’Israël) n’a pas été capable d’adopter pendant une décennie en raison du veto politique des partis extrémistes », a-t-elle ajouté.
Un modèle au Moyen-Orient, malgré tout
Les partisans de la GPA pour tous réclamaient son instauration depuis plus de dix ans. Elle avait été légalisée en Israël en 1996, mais concernait uniquement les couples hétérosexuels, puis pour les femmes célibataires. Elle était donc interdite aux couples de même sexe et aux hommes célibataires. Ceux-ci devaient recourir à la GPA dans des pays tels que les Etats-Unis, l’Inde, la Thaïlande et le Népal. Malgré cette restriction, l’Etat hébreux faisait figure de meilleur d’élève au Moyen-Orient en matière de droits des homosexuels et de tolérance à leur égard. Pour preuve, le parlement israélien compte plusieurs hommes ouvertement gays.
La Bible prise en exemple
L’extension de la GPA à tous a longtemps tardé à cause de l’idélogie véhiculée par le Judaïsme sur la procréation. En effet, la religion officielle de l’Etat d’Israël conçoit que c’est l’homme qui doit procréer et sa femme qui doit accoucher (sous entendu de leurs enfants). Comme il peut arriver que l’un des partenaires soit frappé de stérilité, la loi a autorisé aux couples hétérosexuels et aux femmes célibataires de se tourner vers la GPA. Mais, les bénéficiaires devaient être religieusement mariés et être de nationalité juive.
Cette discrimination de la loi s’appuie sur les exemples puisés dans la Bible. Notamment, celui de la femme d’Abraham, Saraï, qui ne lui avait pas donné d’enfant. Consciente de son infertilité, elle recommanda à son époux de se tourner vers sa servante, une égyptienne nommée Agar. On peut aussi citer l’histoire de Rachel qui demanda à sa sœur de concevoir des enfants avec son mari Jacob, comme elle n’en faisait pas. Des histoires qui datent de deux millénaires, toutefois. D”où le besoin de faire évoluer la loi. Les associations LGBT ont donc poussé en ce sens pendant plusieurs années.
Des tensions dans la coalition gouvernementale ?
Une offensive tenace qui a motivé la Cour suprême à ordonner, l’année dernière, aux législateurs de mettre fin à la discrimination concernant la GPA. Elle avait donné un délai d’un an. La vénérable institution jugeait inconstitutionnelle l’exclusion des couples homosexuels et des hommes célibataires. Au lieu d’abolir cette loi, les législateurs conservateurs ont plutôt opposé une proposition visant à en élargir l’accès.
Quoiqu’il en soit, on obtient à peu près le même résulat pour les couples homosexuels. Avec cette décision, l’égalité entre les genres est désormais pleine au niveau de la parentalité. Au niveau politique, les conséquences pourraient être fâcheuses. Il surgira certainement des frictions au sein de la nouvelle coalition gouvernementale. Cette dernière se composant du parti Meretz, conciliant avec les LGBTQ, et la formation islamiste conservatrice Raam, qui considère l’homosexualité comme une déviance.