Un pont en acier inoxydable, entièrement conçu par impression 3D, a été inauguré mi-juillet dans la ville d’Amsterdam, au Pays-Bas. Cette structure temporaire bardée de capteurs permettra d’étudier les propriétés de l’acier pour repérer ses potentiels points faibles en impression 3D. Les améliorations permettront alors de l’utiliser à plus grande échelle dans des constructions plus importantes.
Depuis le 15 juillet, les habitants d’Amsterdam peuvent emprunter une infrastructure totalement innovante sur le canal Oudezijds Achterburgwal. Il s’agit d’un pont entièrement conçu par impression 3D, une technologie quasiment futuriste et jusqu’ici réservée aux industries de pointe. Mais la capitale néerlandaise n’est pas la première ville à inaugurer un pont de ce type. Ce statut revient à Shanghai (Chine) qui a utilisé le béton comme matériau principal pour son ouvrage livré en 2019. L’innovation dans le cas d’Amsterdam réside dans l’utilisation de l’acier inoxydable.
« Nous sommes incroyablement enthousiasmés »
Cette infrastructure a été réalisée par le cabinet d’architecture Joris Laarman Lab, le groupe d’ingénierie Arup et l’entreprise MX3D, spécialisée dans l’impression 3D. Elle a une forme plutôt inhabituelle, en « S », alors que les ponts classiques sont en « U ». Il a fallu six mois de travaux pour modeler les 4,5 tonnes d’acier inoxydable qui constituent sa structure. Puis, l’équipe d’ingénieurs et d’architectes a réalisé des simulations numériques afin d’éliminer les excès de matériaux, en s’appuyant sur l’algorithme conçu par MX3D.
« Nous sommes incroyablement enthousiasmés » par ce projet, a déclaré Mark Girolami, directeur du programme d’ingénierie centrée sur les données (DCE), de l’Institut Alan Turing, associé à cette étude. « Non seulement c’est un design époustouflant, mais avec les capteurs intégrés au pont, nous sommes également à l’avant-garde de la technologie des jumeaux numériques », a-t-il ajouté.
Des capteurs aux différents rôles
Long de 12,1 mètres et pesant 4 500 kilogrammes, le pont intelligent d’Amsterdam dispose en effet de nombreux capteurs qui se partagent les rôles. Certains collectent en permanence des données sur le comportement de l’infrastructure, notamment quand il vibre ou quand les piétons et les cyclistes marchent dessus. D’autres surveillent la température et l’humidité afin de déterminer comment ces phénomènes affectent l’acier. Les concepteurs ont en outre installé des caméras vidéo pour saisir tous les moments. Selon eux, cette structure métallique imprimée en 3D est suffisamment résistante pour encaisser le trafic piéton de la capitale néerlandaise.
Une étape importante pour des projets plus colossaux
Mais, ce pont est temporaire. Il restera seulement en place pendant deux ans, le temps d’une expérimentation. L’objectif de celle-ci : repérer les potentielles faiblesses de la structure et mieux appréhender le fonctionnement de l’acier imprimé en 3D, pour des constructions plus imposantes dans un avenir proche. Un futur dans lequel les ouvrages participeront à l’amélioration de notre cadre de vie. « C’est une étape importante vers un énorme changement dans notre façon de penser le monde de la technologie et comment nous pouvons améliorer notre environnement bâti. C’est fantastique de voir le projet prendre vie et de voir le public travailler dessus », souligne Mark Girolami.