Les lampadaires LED dans nos rues contribuent au déclin des insectes, un désastre observé depuis plusieurs dernières années. C’est la conclusion d’une étude de chercheurs britanniques publiée dans la revue Science Advances, le mercredi 25 août.
Des sites choisis dans les haies et les herbes
Depuis quelques années, nous savons que la destruction des habitats, le changement climatique et les produits chimiques comme les pesticides provoquent le déclin des insectes. On devrait maintenant ajouter à cette liste la pollution lumineuse. Selon une étude britannique parue le mercredi 25 août, dans la revue Science Advances, l’éclairage public contribue à la réduction de la population des insectes. Les chercheurs ont précisément observé des chenilles de papillons de nuit, une espèce déjà présente sur Terre il y a des millions d’années.
Ces insectes ne s’éloignent presque jamais du lieu de leur éclosion. Ainsi, on peut les étudier de façon très localisée. Au total, 26 sites éclairés la nuit ont été ciblés à l’occasion de cette étude. Il s’agit essentiellement de haies ou de zones herbues en bordure de route. Chacun de ces sites a été comparé à un autre non éclairé mais présentant les mêmes caractéristiques. Les chercheurs britanniques ont prélevé les chenilles en secouant les haies pour les faire tomber au sol ou en se servant d’un filet.
Un déclin moins important sous les ampoules classiques
Après un certain temps d’observation, ils ont constaté une réduction plus importante du nombre de chenilles dans les haies que dans les zones herbues. La raison est que les femelles considèrent ces sites comme à risques car habitués à l’obscurité depuis des milliers d’années. La lumière inhabituelle des lampadaires perturbe également leur cycle de vie. Par exemple, les chenilles dans les zones éclairées étaient plus lourdes car elles mangeaient beaucoup pour se développer vite et quitter les lieux.
Par ailleurs, les chercheurs ont noté une réduction plus importante (52%) de chenilles sous les lampadaires LED (plus blanches et donc ressemblant davantage à la lumière du jour) que sous des ampoules classiques au sodium (41%). Ce qui constitue une mauvaise nouvelle pour les insectes. Les ampoules LED étant de plus en plus utilisées car plus économes en énergie. Elles ne sont donc pas totalement écologiques comme on croyait.
Des conséquences en cascade
Au sujet du déclin des papillons de nuit, l’étude britannique reconnaît que « l’éclairage public n’a probablement contribué que de façon mineure » sur le long terme. Mais, qu’il a « tout de même un effet local très important ». D’ailleurs, cet éclairage a des conséquences en cascade. En effet, ces insectes sont d’importants pollinisateurs et une nourriture essentielle pour les oiseaux et les chauves-souris. Leur déclin entraînerait donc immédiatement celui de ces animaux.
Douglas Boyes, auteur principal de l’étude et chercheur au Centre for Ecology and hydrology du Royaume-Uni, a heureusement évoqué l’existence de solutions pour enrayer ce désastre. Il cite notamment la pose de filtres colorés ou d’écrans orientant la lumière uniquement sur les routes. Si cette étude est cruciale, elle n’est toutefois pas la première à parler de ce problème. Une autre étude américaine parue en 2019 dans la revue Biological Conservation alertait déjà sur la pollution lumineuse. Mais elle a été réalisée en laboratoire et concernait aussi les ampoules à domicile.