Quand la Chine a créé en décembre 2021 le géant des terres rares China Rare Earth Group, elle voulait atteindre plusieurs objectifs. Parmi lesquels l’amélioration des conditions environnementales d’exploitation de ces métaux stratégiques. Un sujet qui lui vaut de sévères critiques depuis plusieurs années.
La domination chinoise sur les terres rares
En décembre 2021, la Chine a créé un géant des terres rares par la fusion des principaux fournisseurs nationaux. Baptisée China Rare Earth Group, cette méga-entreprise devrait permettre à Pékin de renforcer sa domination sur ce secteur capital pour les industries de pointe comme l’électro-ménager, l’armement, l’automobile et les énergies renouvelables. Actuellement, la Chine pèse pour 71% de la production nationale, contre près de 90% il y a encore quelques années.
Le nouveau conglomérat doit lui permettre de reprendre son poids initial. Et qui sait, d’imposer son diktat au monde, comme le font les pays de l’OPEP sur leur pétrole. Pékin pourrait alors disposer d’un important levier politique pour peser davantage dans les discussions commerciales avec les Etats Unis et l’Union européenne (UE). Ceux-ci importent respectivement 80 et 90% de leurs matériaux de la Chine. Une forte dépendance qui suscite des craintes à Washington et Bruxelles au regard de la dépendance actuelle envers le gaz russe.
De la toxicité et de la radioactivité sur les sites
Grâce à China Rare Earth Group, Pékin espère aussi avoir un contrôle sur les prix des terres rares jusqu’ici très éclatés. En effet, chaque compagnie pouvait fixer ses tarifs comme bon lui semblait pour casser la concurrence. Une pratique qui occasionnait des prix bas de gamme et donc une perte de recettes pour l’Etat. Comme, la méga-entreprise pèse 62% de la production nationale de terres rares lourdes, elle dispose du pouvoir nécessaire pour assainir le milieu des prix.
Pékin souhaite aussi et surtout améliorer les conditions environnementales de l’exploitation et de la production nationale des terres rares grâce à ce mastodonte. Depuis plusieurs années, la Chine est sous le feu des critiques à cause la pollution issue de son exploitation de terres rares. En effet, l’extraction, le raffinage et la fusion des métaux causent des dégâts dans la nature, en particulier les eaux, en raison de la toxicité et de la radioactivité. Ces activités ont notamment pollué le lac à l’est de Baotou, une ville de Mongolie intérieure où la Chine produit 50% de ses terres rares.
Vers un suivi et un contrôle des exploitations
Le bétail est également touché avec la maladie de la fluorose squelettique. Les hommes n’y échappent pas. En effet, des chercheurs chinois ont détecté des cas de cancer chez des habitants de Baotou, en lien avec l’industrie minière des terres rares et du fer. Pour en finir avec cette cette pollution et prévenir un mécontentement de la population, les autorités ont d’abord déplacé les villageois vers des sites non pollués et propres à la culture. Elles ont ensuite mis en place une stratégie de nettoyage de la pollution, puis de valorisation de produits de haute qualité.
Depuis décembre 2021, le gouvernement chinois a créé un géant des terres rares pour avoir un contrôle direct sur les activités. C’est lui qui gère cette entité à travers la Commission de supervision et d’administration des actifs publics, qui détient une participation de 31,21%. Avec une intervention plus directe, Pékin devrait s’assurer que les compagnies respectent les règles et réglementations environnementales. Il travaille aussi à l’amélioration des techniques d’extraction et impose un quota pour une consommation raisonnable.