Dans le sillage de l’Euro féminin de football, objet de toutes les moqueries, le Tour de France Femmes a également fait face à une vague de misogynie sur les réseaux sociaux. Cette haine a atteint son point culminant le jeudi 28 juillet lors de la 5e étape, après la chute d’une trentaine de coureuses.
Si le sport féminin gagne en attractivité et en respect, il n’arrive toujours pas à venir à bout du sexisme. En témoigne les récentes moqueries à l’encontre des coureuses du Tour de France Femmes 2022 remportée par la Néerlandaise Annemiek Van Vleuten.
La chute d’une trentaine de coureuses
Le jeudi 28 juillet, une importante chute s’est produite lors de la 5e étape, entre Bar-le-Duc et Saint-Dié-des-Vosges. Elle a impliqué au moins une trentaine de coureuses, qui ont fini au sol. Cet incident a fait l’objet de vilaines moqueries et de propos misogynes sur les réseaux sociaux. Selon certains internautes, les femmes ne seraient pas assez douées pour rouler un vélo comme les hommes. On voudrait même les voir s’occuper à autre chose que ce à quoi elles ne seraient pas prédisposées.
Même Jonas Vingegaard est tombé
Ces déclarations honteuses ont provoqué logiquement l’ire des responsables du cyclisme. Marion Rousse, en premier. La directrice du Tour de France femmes trouve la réaction de ces gens « ridicule ». Si elle estime qu’« on n’a presque rien à leur dire », elle explique que « les chutes font partie du cyclisme » et qu’« il y en aura toujours ». L’ancienne coureuse rappelle d’ailleurs les enchevêtrements fréquents chez les hommes comme lors de l’édition du Tour de France masculin de cette année. Le champion en titre, Jonas Vingegaard avait également fini au sol. Plus que dégoûté du sexisme, Marion Rousse appelle à mettre fin à l’hypocrisie qui veut qu’on voit les hommes qui tombent comme des héros courageux et les femmes comme des incapables. Pour sa part, l’ex championne de France préfère se concentrer « sur les 95% de gens conquis plutôt que sur les 5% » de haters.
Facile de parler derrière son écran
Stephen Delcourt, le manager général de la FDJ-Suez-Futuroscope, considère lui que les moqueurs sont des « jaloux parce que les coureuses sont fraîches, pleines d’envie ». Pour Charlotte Bravard, directrice sportive de l’équipe Saint-Michel Auber 93, on a clairement affaire à des « directeurs sportifs du canapé ». Elle aimerait bien les voir au pied du mur, se frottant à ces courageuses cyclistes. « On les connaît, c’est facile de parler derrière son écran. Mais on les attend toujours sur un vélo », lance-t-elle.
Ces réponses sèches expriment le ras-le-bol des acteurs du cyclisme féminin face à la misogynie dans le milieu. Mais ce sport n’est pas le seul à subir de plein fouet le sexisme. Le football féminin aussi en est victime. En témoigne les réactions de certaines personnes depuis le début de l’Euro 2022 en Angleterre. Ils passent leur temps à se moquer et à dire qu’ils s’ennuient devant un match. Les joueuses seraient trop lentes et tendres. Ils rient aussi de celles qui ne veulent plus porter de shorts blancs en raison des menstruations.