Les arbres pourraient permettre de baisser le nombre de décès causés par la chaleur dans les îlots de chaleur urbains. Il faut dire que pour les résidents des agglomérations, le dernier été a été un rappel brutal par rapport aux effets de la chaleur sur la santé. Cette saison a été la seconde plus chaude depuis plus d’un siècle, 1900 exactement !
Quelles sont les causes de la chaleur accrue en ville ?
On a compté 10 420 morts en excès en France métropolitaine pour cet été 2022. Il s’agit de données du groupe Santé publique France, publiées en novembre de l’année dernière. Et les canicules ne sont pas les uniques causes de ce bien triste phénomène : les études et les rapports dévoilent qu’une chaleur moyenne constante peut avoir un effet sur la mortalité. Problème : les zones urbaines sont plus chaudes puisqu’elles conçoivent ce qu’on appelle des îlots de chaleur urbains (ICU), avec des degrés en plus en comparaison aux zones rurales situées à proximité.
Il faut dire que les villes ont moins de flore, subissent une artificialisation et une bétonisation galopantes et les sols ne sont plus perméables à cause de toutes les constructions. Ainsi, l’énergie solaire amassée chaque journée est plus conséquente. La nuit, le refroidissement n’est plus suffisant.
Il existe des solutions développées par les urbanistes pour combattre cette chaleur urbaine. Parmi elles, une se démarque : la plantation d’arbres. Ces derniers ont plusieurs actions sur la chaleur : leur ombre permet de diminuer la température au sol ; la respiration végétale offre la possibilité de baisser la température autour de ces derniers via un système de transpiration (la feuille émet de l’eau s’évaporant quand elle rentre en contact avec l’air en utilisant de l’énergie, par conséquent de la chaleur) ; et les superficies ombragées (avec les sol et les murs) n’engagent aucune ou peu d’énergie solaire, et n’agit pas sur l’ICU (îlot de chaleur urbain) durant la nuit.
Plus d’arbres, moins de morts ?
Une petite baisse de température peut avoir un réel effet quand la population concernée est conséquente. Des spécialistes travaillant à l’Institute for Global Health situé à Barcelone ont effectué des travaux pour découvrir combien de décès en moins il y aurait si la couverture boisée de 93 villes du continent européen connaissait une hausse de superficie. Le but est d’arriver à 30% – finalité déterminée par beaucoup de villes. Les experts ont utilisé des modèles poussés, intégrant des données comme la répartition des habitants, l’échelle des âges, des températures de la zone et l’occupation des sols en fonction d’un maillage fin, durant la période de juin à août 2015, définie comme saison estivale basique en Europe.
Dans leur écrit apparu dans la revue scientifique médicale hebdomadaire britannique The Lancet, ils affirment que si la densité d’arbres remplissait cet objectif, la surmortalité en lien avec les ICU, déterminée à 6 700 morts (4 % des décès), connaîtrait une baisse de plus d’un tiers (39 % exactement) grâce à une diminution moyenne des températures de 0,4 degré. Durant cette étude, le bénéfice était plus conséquent pour les agglomérations présentes en Europe du sud et de l’est.
Si on se fie aux prévisions, les villes ont rencontré en moyenne des températures situées au-delà de la barre de 1,5 degré en comparaison avec la campagne implantée aux alentours. Or, il y a de fortes disparités. Dans le pays, la capitale a connu une température de 2,5 degrés de plus en comparaison à sa grande couronne. Voici les scores des autres agglomérations majeures françaises : Marseille, 1,81 degré ; Lyon, 1,73 degré et Strasbourg 1,14 degré. La capitale est la seconde agglomération dans le TOP des températures moyennes d’ICU, derrière la surprenante Thessalonique, ville grecque (2,74 degrés). Paris est la ville intégrant la plus petite couverture arborée (5 %). D’autres agglomérations en possèdent trois à quatre fois plus comme Nice (23%) et Nantes (18%). Sur le continent européen, il n’y a que trois villes qui parviennent ou franchissent de peu la finalité des 30 % de couverture en arbres. Voici ces agglomérations : Genève (Suisse), Berlin (Allemagne) et Oslo (Norvège). Avec ces 30 % d’arbres, la mortalité estivale connaîtrait une diminution. Pour la capitale, cela correspond à quatre décès pour cent mille habitants, cinq pour la ville rose et Montpellier, six pour la Capitale des Gaules ou encore huit pour Nice, préfecture du département des Alpes-Maritimes.
Il faut protéger les jardins privés !
Parallèlement aux plantations, il serait certainement efficace de sauvegarder les ressources présentes, avertissent les spécialistes.
Il faut offrir une réponse face à l’effacement planifié des petits jardins pavillonnaires, en lien avec la densification urbaine. Même si cela permet de répondre à des besoins de logements, il faut combattre l’étalement urbain. Prenons l’exemple de Toulouse. Dans la ville rose, la plupart des arbres demeurent dans des lieux privés, puisqu’il y a peu de parcs dans la quatrième agglomération de France. Une idée, pour leur protection optimale, est de les caractériser en tant que biens communs.
Néanmoins, l’effet des arbres sur les ICU est limité. Les experts conseillent de mettre en œuvre différentes stratégies. L’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) en compte environ vingt : toits et façades vertes, intégration de fontaines et jets d’eau, structures concevant de l’ombre en extérieur, diminution du trafic routier … Évidemment, il faut également poursuivre les dispositifs liés à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables.