Malgré son engagement initial à lutter contre le changement climatique en Afrique, le président kényan a récemment levé l’interdiction de l’exploitation forestière.
Une nouvelle plus que négative pour la Terre
Le président du Kenya, William Ruto, a annoncé la levée de l’interdiction de l’exploitation forestière, une décision attendue depuis longtemps. Selon le chef d’État, cette mesure a pour objectif de stimuler la création d’emplois et de favoriser le développement des secteurs économiques liés aux produits forestiers.
Lors d’un service religieux à Molo, située à environ 200 kilomètres au nord-ouest de Nairobi, le président a exprimé son point de vue en déclarant qu’il est absurde de laisser des arbres matures se décomposer dans les forêts tandis que les habitants souffrent du manque de bois. Par conséquent, il a expliqué que la décision d’autoriser l’exploitation forestière a été prise dans le but de créer des opportunités d’emploi pour les jeunes et de favoriser l’émergence d’entreprises.
Des espèces rares et en danger
Le président kényan, William Ruto, qui était à l’avant-garde des initiatives africaines de lutte contre le changement climatique, a affirmé que le gouvernement maintenait son objectif de planter 15 milliards d’arbres au cours des dix prochaines années. La levée de l’interdiction de l’exploitation forestière va satisfaire les secteurs de la scierie et du commerce du bois, qui ont subi de nombreuses pertes d’emplois en raison de cette interdiction. Imposé par le gouvernement précédent en février 2018 dans les forêts publiques et communautaires, le moratoire visait à éradiquer l’exploitation forestière illégale endémique et à augmenter la couverture forestière du pays à 10 %.
Cependant, selon Greenpeace Afrique, cette levée risque d’avoir des conséquences environnementales catastrophiques. L’ONG a lancé une pétition le mois dernier pour alerter sur le fait que les forêts du Kenya abritent des espèces rares et menacées, et que des millions de personnes dépendent de ces forêts pour leur subsistance, leur alimentation et leurs soins. Greenpeace Afrique souligne les progrès significatifs réalisés dans la protection des forêts et la lutte contre la crise climatique depuis l’imposition de l’interdiction il y a six ans, et affirme que sa levée anéantirait ces efforts en ouvrant la voie à l’exploitation forestière commerciale et illégale motivée uniquement par le profit.
Il convient de noter que l’objectif de planter 15 milliards d’arbres au cours des dix prochaines années est maintenu par le Kenya, et que l’exploitation forestière a contribué à hauteur de 1,6 % du PIB du pays en 2022, avec une couverture forestière de 8,8 % du territoire, selon les autorités.
Une menace qui plane également sur le Congo
Elle est couramment désignée comme le “deuxième poumon vert” de la planète en raison de sa superficie. La forêt du bassin du Congo s’étend sur six pays d’Afrique centrale, à savoir la Guinée équatoriale, le Cameroun, le Gabon, le Congo, la République démocratique du Congo et la République centrafricaine. Avec une superficie de plus de 240 millions d’hectares, elle est la deuxième plus grande forêt tropicale humide au monde, juste après l’Amazonie.
Cependant, ce deuxième poumon vert joue un rôle encore plus crucial en tant que principal réservoir de carbone de la Terre, contribuant ainsi à la régulation du climat. Alors que les forêts d’Asie du Sud-Est émettent désormais plus de CO2 qu’elles n’en absorbent en raison de la déforestation, et que la forêt amazonienne en Amérique du Sud atteint un point critique, les forêts d’Afrique centrale absorbent une quantité considérable de carbone et stockent l’équivalent de six années d’émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Malheureusement, ce phénomène mondial de séquestration du dioxyde de carbone par les forêts tropicales est menacé, comme le soulignent les scientifiques depuis plusieurs années. Ils ont constaté un pic d’absorption de carbone dans les années 1990, suivi d’une diminution significative.
Bien que la forêt du bassin du Congo ait longtemps été épargnée par cette tendance négative, elle est aujourd’hui confrontée à des menaces croissantes. La déforestation dans la région s’est accélérée depuis le début des années 2010, avec une perte annuelle d’un million d’hectares de couverture forestière en République démocratique du Congo, se plaçant juste après le Brésil. Selon Alain Karsenty, économiste des forêts et spécialiste de l’Afrique centrale, la forêt tropicale centrafricaine est confrontée à d’autres problématiques, distinctes de celles de l’Amérique du Sud ou de l’Indonésie, où les arbres sont massivement abattus pour l’agriculture intensive ou la culture du soja, par exemple.