Au Groenland, le début du printemps est marqué par des températures record depuis le début du mois de mars. Selon l’institut météorologique danois (DMI), certaines régions de l’île ont enregistré des températures jusqu’à 30 degrés au-dessus des moyennes saisonnières. Cette vague de chaleur précoce inquiète les chercheurs, car elle pourrait accélérer la fonte de la calotte glaciaire au cours de l’été.
Un exemple frappant de ces températures inhabituelles a été relevé dans la capitale groenlandaise, Nuuk, où le thermomètre a dépassé les 15 °C le 4 mars. Une telle température n’avait jamais été enregistrée aussi tôt dans l’année. L’institut météorologique danois a même commenté cette situation sur Twitter en déclarant avec humour que “à Nuuk, on transpire, l’eau coule sur les routes et la fièvre est à son comble…”. Habituellement, à cette période de l’année, les températures ne devraient pas dépasser les -5 °C.
Le « bloc groenlandais » et la calotte glaciaire rouge vif
Cette hausse de température inhabituelle est due à un phénomène météorologique connu sous le nom de « bloc groenlandais », caractérisé par un anticyclone persistant au-dessus du Groenland. Cette situation provoque une vague de chaleur hivernale, indiquée en rouge sur la carte ci-dessous. Le blocage atmosphérique dévie les masses d’air froid et favorise l’arrivée de vents chauds.
Selon Marco Tedesco, chercheur à l’Observatoire de la Terre Lamont-Doherty de l’Université de Columbia, cette configuration entraîne le transport d’air chaud depuis le nord-est du Canada jusqu’à la calotte glaciaire du Groenland. La carte du « Climate Reanalyser » de l’Université du Maine, illustrant les anomalies de chaleur le mercredi 8 mars, montre en rouge vif la région de la calotte glaciaire du Groenland, où les températures sont de 15°C à 30°C au-dessus des moyennes saisonnières pour un mois de mars.
Signé de l’University of Maine Climate Reanalyzer
D’après la carte du “Climate Reanalyser” de l’Université du Maine datée du mercredi 8 mars, les régions présentées en rouge indiquent des anomalies de chaleur sur terre, avec des températures dépassant largement les normales saisonnières. Notamment, la calotte glaciaire du Groenland apparaît en rouge vif, avec des températures de 15°C à 30°C au-dessus des moyennes habituelles pour un mois de mars.
Les scientifiques s’inquiètent de l’apparition de ce phénomène météorologique, car le “bloc groenlandais” s’est déjà manifesté en 2012, 2018 et 2019, et à chaque fois, il a été associé à une fonte spectaculaire de la calotte glaciaire pendant l’été. Ces épisodes de chaleur précoce peuvent entraîner des fontes plus précoces encore, créant ainsi un cercle vicieux. Lorsque la neige fond, la glace est plus exposée, et étant plus foncée, elle absorbe davantage la lumière du soleil au lieu de la réfléchir (phénomène appelé albedo). Cette accélération de la fonte pourrait avoir des effets en cascade pendant des années et contribuer significativement à la montée des océans, ce qui préoccupe grandement les chercheurs cités par le Washington Post.
Migration animale
L’écosystème de l’Arctique est fortement perturbé par le dérèglement climatique, entraînant une série de changements dans la faune et la flore de la région. La fonte de la glace entraîne la disparition d’espèces endémiques telles que les licornes des mers et les morses, qui sont de moins en moins visibles pour les communautés inuites. Parallèlement, des animaux du sud, tels que le maquereau, le thon rouge et des dauphins, sont attirés par le réchauffement de la banquise, marquant ainsi un tournant majeur dans l’écosystème marin.
Les effets du changement climatique sont particulièrement prononcés au pôle Nord, où l’Arctique se réchauffe quatre fois plus vite que les autres régions du monde. Cette accélération du réchauffement entraîne une fonte considérable de la calotte du Groenland, avec une perte de plus de 500 milliards de tonnes de glace par an depuis l’an 2000, soit l’équivalent de six piscines olympiques chaque seconde.
Une étude publiée dans la revue scientifique Nature Communication en février a averti que même un demi-degré de réchauffement supplémentaire entraînerait une fonte accélérée des banquises terrestres et une élévation du niveau des océans de plusieurs mètres. Si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites rapidement, le niveau de la mer pourrait augmenter jusqu’à 1,4 mètre d’ici 2050, provoquant la destruction de sources d’eau potable, la disparition de zones côtières et forçant des millions de personnes à se déplacer.