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L’élimination du carbone ne sauvera pas le climat

Une nouvelle étude scientifique insiste sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre comme moyen le plus sûr d’enrayer le réchauffement climatique et ses corollaires.

Alors que de nombreux experts et décideurs politiques parient sur les techniques d’élimination du dioxyde de carbone (CDR pour “Carbon Dioxide Removal”) pour limiter la hausse des températures et aussi sauver la planète, des scientifiques tirent la sonnette d’alarme à travers une nouvelle étude.

Publié le 9 octobre dans la prestigieuse revue Nature, ce rapport baptisé fort opportunément “Excès dans le dépassement climatique”, vient tempérer les espoirs placés dans ces techniques encore balbutiantes.

Les scientifiques indiquent tout simplement que l’approche du CDR ne suffira pas à éviter une catastrophe climatique en cas de dépassement du seuil critique de 1,5°C défini depuis l’accord de Paris pour le climat en 2015.

Une des raisons à cette réalité froide concerne les capacités assez limitées du CDR à l’heure actuelle. Soit une extraction d’un maximum de deux milliards de tonnes de CO2 de l’atmosphère chaque année, bien loin des 7 à 9 milliards de tonnes requises pour l’atteinte des objectifs climatiques, selon des chiffres évoqués par Reuters.

Le mirage de la réversibilité climatique

L’ampleur du défi est vertigineuse, loin du tableau angélique de l’extraction du CO2 présent dans l’atmosphère à des fins de “rembobinage” du réchauffement climatique. En effet, même dans le scénario le plus optimiste du GIEC, qui prévoit un dépassement minime de 0,1°C, il faudrait éliminer environ 220 milliards de tonnes de CO2.

Et si le dépassement atteint 0,5°C, c’est plus d’un milliard de tonnes qu’il devrait extraire de l’atmosphère. Plus fondamentalement, les auteurs de l’étude affirment que l’élimination du CO2 atmosphérique ne peut rien contre les autres aspects du changement climatique, dont l’élévation du niveau des mers, les inondations ou encore les modifications des courants océaniques.

Même si vous avez réussi à faire baisser les températures, le monde que nous observerons ne sera pas le même“, met en garde Carl-Friedrich Schleussner, de l’Institut international d’analyse des systèmes appliqués en Autriche et co-auteur de l’étude, dans les colonnes de Reuters.

Réduire les émissions, seule voie de salut

Ce n’est qu’en réduisant de manière ambitieuse les émissions à court terme que nous pourrons effectivement réduire les risques liés au changement climatique“, tranche Joeri Rogelj de l’Imperial College de Londres, un autre co-auteur de l’article interrogé par l’agence de presse britannique.

Alors que le monde se dirige vers une nouvelle grande conférence climatique, la COP29 à Bakou en Azerbaïdjan, ces nouvelles données devraient inciter les décideurs à redoubler d’efforts dans la transition énergétique et la réduction des émissions.

L’heure n’est plus aux demi-mesures, aux palabres sans fin encore moins aux paris technologiques hasardeux. Il faut une action immédiate et radicale pour préserver l’avenir climatique.

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