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Danone dit stop au soja brésilien pour préserver la forêt amazonienne

Le géant français de l’agroalimentaire affirme s’approvisionner désormais en Asie.

Nous n’importons plus de soja du Brésil“. L’information révélée jeudi 24 octobre à l’agence Reuters par Jurgen Esser, Directeur général adjoint en charge des Finances, de la Technologie et des Données chez Danone est on peut plus claire. Elle se veut un tournant majeur dans la stratégie d’approvisionnement du groupe en soja.

Dans un souci d’anticipation de l’entrée en vigueur prochaine de la législation européenne contre l’importation au sein de l’Union, de matières premières liées à la déforestation, la multinationale française affirme avoir coupé les ponts avec le Brésil, principal exportateur mondial de soja.

Le mastodonte d’Amérique latine qui prévoit une production record de 170 millions de tonnes prochainement avait fourni Danone à hauteur de 18% selon les chiffres récents, de 2021, rapportés par Reuters.

La même source indique que Danone utilisait jusqu’alors 262 000 tonnes de produits à base de soja pour nourrir ses vaches et 53 000 tonnes de graines de soja pour ses produits Alpro et Silk. Autant dire que le Brésil représente pour la firme tricolore une destination de choix pour ses besoins.

Un enjeu colossal

Une destination périlleuse aussi, étant donné la part de la production agricole brésilienne provenant de la déforestation. Car le pays reste le leader mondial en matière de destruction de forêts, malgré la baisse du taux de déforestation dans la forêt amazonienne depuis le retour au pouvoir de Luiz Inácio Lula da Silva en 2023.

Un dirigeant connu pour sa vision progressiste au pro-climat, contrairement à son prédécesseur Jair Bolsonaro. De fait, Danone comme toutes ses paires de l’industrie agroalimentaire, est appelée à changer de fournisseur selon la nouvelle loi européenne anti-déforestation.

Alors qu’elle était initialement prévue pour entrer en vigueur en décembre prochain, cela pourrait attendre un an supplémentaire en raison de la demande de certaines parties prenantes d’un nouveau délai.

L’enjeu est de taille. Car les entreprises qui ne pourront pas prouver que leurs importations ne proviennent pas de terres déboisées s’exposent à des amendes pouvant atteindre jusqu’à 20% de leur chiffre d’affaires de la part de l’Union européenne.

Un basculement vers l’Asie

Nous avons vraiment un suivi très complet, de sorte à nous assurer de n’utiliser que des ingrédients durables“, affirme Jurgen Esser à Reuters, précisant sans fournir plus de détails, que l’entreprise importait désormais « absolument » du soja d’Asie.

À travers ce basculement, Danone est la dernière société agroalimentaire en date à se détourner du fournisseur brésilien, après Nestlé dont le virage remonte à 2019. En revanche, Unilever maintient ce canal tout en rassurant sur la durabilité de son fournisseur CJ Selecta.

Le Brésil voit ainsi l’Europe lui tourner le dos, tout en compensant son manque à gagner avec des exportations vers la Chine de plus en plus importantes, estimées notamment à plus d’un million de tonnes par semaine, selon Reuters.

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