La banque d’affaires américaine devient le premier géant de Wall Street à abandonner ce creuset d’impulsion d’une finance verte à l’échelle internationale.
Dans un coup de tonnerre dont les secousses continuent de retentir, Goldman Sachs a annoncé, vendredi 6 décembre 2024, son retrait de la Net-Zero Banking Alliance (NZBA), initiative internationale réunissant les plus grandes banques mondiales autour de l’enjeu climatique.
Lancée en avril 2021 sous l’égide des Nations Unies, l’alliance compte plus de 130 membres dans plus de 40 pays différents avec pour but, l’alignement des portefeuilles de prêts et d’investissements en conformité vis-à-vis de l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050, tel qu’édicté dans l’Accord de Paris sur le climat.
“Nous disposons des capacités nécessaires pour atteindre nos objectifs et soutenir les objectifs de durabilité de nos clients. Goldman Sachs est également très attentive aux normes de durabilité et aux exigences de reporting de plus en plus élevées imposées par les régulateurs du monde entier“, a communiqué la banque d’investissement cité par Reuters, sans plus de détails sur les raisons de ce départ inattendu.
Une offensive judiciaire ciblée
Cependant, l’agence de presse britannique en fait le rapprochement avec le contexte américain particulièrement tendu, marqué par la multiplication des offensives judiciaires de la part des élus républicains contre les initiatives ESG (environnementales, sociales et de gouvernance).
Ragaillardis par le retour prochain de Donald Trump à la Maison Blanche, ces derniers font feu de tout bois pour décourager le militantisme climatique des institutions financières. BlackRock, Vanguard et State Street, les trois plus grands gestionnaires d’actifs mondiaux, font ainsi l’objet d’une plainte pour violation de la loi antitrust récemment déposée par 11 États républicains, menés par le Texas.
Les sociétés auraient, selon les plaignants, exercé une pression coordonnée sur l’industrie du charbon, notamment via leurs participations au sein de grands producteurs américains comme Arch Resources et Peabody Energy, faisant artificiellement grimper les factures d’électricité des consommateurs.
Une guerre culturelle préjudiciable pour le climat
Il s’agit à en croire les termes du procureur général du Texas, Ken Paxton, rapporté par Reuters, ni plus ni moins d’une “weaponisation illégale de l’industrie financière au service d’un agenda ‘environnemental’ politisé et destructeur”.
Certains États vont jusqu’à menacer de retirer leurs investissements des institutions financières trop engagées dans la transition écologique. Une illustration de l’ampleur des clivages politiques qui traverse aujourd’hui les États-Unis.
Le pays étant divisé entre conservateurs en croisade contre le “wokisme” et progressistes soucieux de préserver des acquis d’autant plus précaires s’agissant du climat. Le retrait de Goldman Sachs de la NZBA n’incite pas à l’optimisme quant à l’efficacité des coalitions volontaires dans la lutte contre le changement climatique.
Même si la banque maintient officiellement son engagement environnemental.