Un projet de téléphérique en construction menace la principale réserve forestière du petit État insulaire, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Au cœur des Caraïbes, la petite île de la Dominique s’est lancée depuis quelques années dans un projet touristique ambitieux, lequel suscite cependant autant d’espoir économique que d’inquiétudes environnementales. Il s’agit en l’occurrence de la construction d’un imposant téléphérique.
Financé à hauteur de 275 millions de dollars grâce à un programme de vente de la citoyenneté du pays à de riches étrangers – 100 000 dollars d’investissements au minimum –, l’ouvrage de 6,6 kilomètres, décrit comme l’un des plus longs au monde, vise notamment à faciliter l’accès au célèbre Boiling Lake.
Autrement dit, le deuxième plus grand lac chaud du monde, après le Frying Pan Lake en Nouvelle-Zélande. Située à une altitude de 780 mètres pour environ 60 à 75 mètres de diamètre, cette merveille de la nature est alimentée par une fumarole inondée, avec des températures atteignant plus de 82 °C.
Un sujet de grande curiosité donc pour bien des touristes en visite sur cette île réputée parmi les plus pauvres au monde. Problème : y accéder n’est pas une sinécure.
Promesses et craintes
Comme le relève Le Monde, ce site emblématique n’est pour l’heure accessible qu’après plusieurs heures de marche sur un sentier difficile réservé aux randonneurs expérimentés. D’où la nécessité du téléphérique qui devrait ramener le temps d’accès à une vingtaine de minutes seulement d’après les autorités.
Celles-ci mettent également en avant la centaine d’emplois à venir après l’inauguration de l’infrastructure prévue fin 2025 ou début 2026, en plus des 200 personnes actuellement employées sur le chantier.
“Beaucoup de gens sont réticents à monter à pied au Boiling Lake”, justifiait en juin 2024 Denise Charles-Pemberton, ministre du Tourisme de la Dominique, citée par Le Monde, alors que le téléphérique devrait s’accompagner de restaurants d’altitude, de terrasses panoramiques et de boutiques de souvenirs.
L’UNESCO en alerte
Mais ces arguments peinent à convaincre certains habitants. “Je pense que ça va plutôt faire mourir mon métier de guide de moyenne montagne“, confie au Monde, un guide officiel qui dit réaliser “30% à 40%” de son activité grâce aux excursions vers le Boiling Lake.
Le téléphérique risque par ailleurs de provoquer le déclassement du parc national de Morne Trois-Pitons, où se situe le Boiling Lake, de la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.
“Depuis l’annonce du projet, l’UNESCO a sollicité les autorités à plusieurs reprises pour obtenir des informations précises à son sujet. À ce jour, nous n’avons toujours pas reçu de réponse“, a confirmé au journal français le service de presse de l’agence onusienne.
Celle-ci souligne toutefois avoir “reçu une étude d’impact environnemental et social, en cours d’examen par l’Union internationale pour la conservation de la nature”.