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Meta accusé de “greenwashing” scientifique

L’outil d’intelligence artificielle que le géant technologique présentait comme une percée majeure dans la capture de carbone atmosphérique s’appuierait sur des données défaillantes, dénoncent des scientifiques.

Meta au cœur d’une controverse scientifique. Le groupe propriétaire de Facebook, Instagram et WhatsApp est accusé d’avoir fait de fausses promesses concernant son projet de capture du carbone atmosphérique, l’une des technologies explorées pour réduire les émissions de CO₂ dans un contexte d’urgence climatique.

Baptisé OpenDAC – en référence à Direct Air Capture (capture directe de l’air) – l’outil développé en collaboration avec Georgia Tech promettait, grâce à l’intelligence artificielle (IA), d’aider les ingénieurs à identifier les matériaux capables de capturer efficacement le carbone dans diverses conditions environnementales.

Il s’appuie sur une vaste base de données open-source recensant 8 400 matériaux différents, alimentée par près de 40 millions de calculs de mécanique quantique.

De quoi susciter l’espoir chez les chercheurs, alors que la capture de dioxyde de carbone demeure peu efficace malgré les investissements considérables consentis mondialement. Un espoir désormais douché par une contre-expertise scientifique.

Un « non sens »

Des chercheurs de l’Université Heriot-Watt et de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ont analysé les résultats de Meta et leurs conclusions sont accablantes : aucun des 135 matériaux que l’entreprise californienne prétendait capables de “fortement” lier le CO₂ ne possédait réellement cette caractéristique.

Pire, certains de ces matériaux n’existent tout simplement pas, selon les témoignages pour le moins cinglants recueillis par le Financial Times (FT) auprès des scientifiques ayant participé à cette nouvelle étude.

J’aurais aimé qu’ils calculent un peu moins et réfléchissent un peu plus“, déclare sans détour Berend Smit, professeur d’ingénierie chimique à l’EPFL, qualifiant certains résultats de Meta de “non-sens”.

La nature des erreurs découvertes va de la surestimation à l’utilisation de données corrompues, sans oublier une absence de vérification rigoureuse des résultats. “On a l’impression que la mentalité des grandes entreprises technologiques est d’agir d’abord, de réfléchir ensuite“, poursuit Smit face à l’ampleur du désastre.

Une stratégie de minimisation

Confronté à ces accusations, Meta adopte une stratégie de minimisation. Un des co-auteurs de l’étude, A.J. Medford (professeur associé à Georgia Tech), défend le travail de l’entreprise en expliquant que l’équipe n’avait pas cherché “à identifier de manière concluante de nouveaux matériaux”, mais voulait “expérimenter avec des techniques de criblage de matériaux plus sophistiquées, ainsi qu’identifier de nouveaux défis et questions pour le domaine”.

Cela n’apaise pas les critiques. D’autant que, comme l’indique Wijnand Stoefs, responsable politique sur l’élimination du carbone à l’ONG Carbon Market Watch, la technologie de capture directe de l’air a été “énormément surévaluée” par les groupes technologiques.

De leur côté, les scientifiques sont catégoriques : il vaut mieux réduire directement les émissions de carbone plutôt que de miser sur la capture ou l’achat de crédits carbone.

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