Plusieurs centaines d’organisations environnementales et de défense des droits humains appellent à inscrire les réparations pour crimes historiques à l’ordre du jour de la COP30, prévue au Brésil en novembre.
Il est temps de reconnaître le lien indissociable entre la justice climatique et les réparations pour les crimes historiques de l’esclavage et du colonialisme. C’est le plaidoyer lancé par plus de 240 organisations internationales le 26 septembre dernier.
Dans une lettre ouverte adressée au gouvernement brésilien et aux Nations Unies, les signataires – parmi lesquels Amnesty International USA, des sections locales de Black Lives Matter, l’Instituto Luiz Gama du Brésil et le Caribbean Pan African Network – établissent un lien de cause à effet entre les crimes du passé et la catastrophe environnementale actuelle.
Pour ces organisations citées par Reuters, « l’esclavage transatlantique, la colonisation et l’exploitation systématique des ressources naturelles ont non seulement créé des inégalités mondiales profondes dans l’accès aux ressources, mais ont également généré des contributions asymétriques aux émissions de gaz à effet de serre, accru la vulnérabilité de certaines populations aux catastrophes naturelles, et perpétué leur exclusion des processus décisionnels en matière climatique ».
Le Brésil appelé à prendre les devants
« La crise climatique n’est pas apparue récemment, elle constitue la continuation de siècles d’émissions de gaz à effet de serre, d’extraction, de dépossession et de violence raciale », souligne le texte, exhortant la COP30 à affronter ces injustices historiques et à intégrer la question des réparations dans toute négociation sur le climat.
« Il ne peut y avoir de véritable justice climatique sans justice réparatrice », ajoutent les auteurs qui invitent le Brésil à prendre le leadership sur cette question. Au-delà d’abriter la COP30, le géant d’Amérique du Sud jouit, comme le rappelle le texte, d’une double légitimité historique.
Le pays a en effet accueilli le plus grand nombre de personnes déportées et asservies durant la traite négrière (environ 5 millions, soit près de 40 % du total), et abrite aujourd’hui la plus importante diaspora africaine au monde en dehors du continent africain (plus de 100 millions de personnes s’identifiant comme noires ou métisses).
Des demandes concrètes et nécessaires
Les organisations réclament la création d’un espace officiel au sein du sommet, dédié spécifiquement à la justice climatique et aux réparations, et dirigé par des Africains, des personnes d’ascendance africaine et des communautés autochtones.
La question des réparations climatiques revient avec acuité dans le débat alors que la Cour internationale de justice (CIJ) a estimé, dans un avis récent, que les pays ont une responsabilité légale de protéger la planète, et que ceux qui ne respectent pas cette obligation pourraient être considérés comme violant le droit international.
Quant aux revendications sur l’esclavage et la colonisation, elles sont séculaires, mais le sujet divise. Les opposants estiment que les États et institutions modernes ne devraient pas payer ou faire amende honorable pour des injustices historiques. Mais pour Anielle Franco, ministre brésilienne de l’égalité raciale citée par Reuters, les réparations concernent « la construction d’un avenir plus digne ».