Selon une nouvelle étude, la Nouvelle-Guinée abrite plus de 13 500 espèces de plantes, dont les deux-tiers sont endémiques. Ce qui ferait d’elle, l’île ayant la plus grande diversité végétale au monde devant Madagascar et Bornéo.
Avec une superficie de quelque 770 000 kilomètres carrés, la Nouvelle-Guinée constitue la plus grande île tropicale au monde. Elle est aussi devenue, il y a peu, l’île ayant la plus grande diversité végétale au monde. En effet, une étude publiée dans la revue (payante) Nature et reprise dans The Guardian, le 5 août dernier, établit qu’elle abrite plus de 13 600 espèces de plantes différentes, divisées en 1742 genres et 264 familles. Sa diversité végétale dépasse ainsi de 19% celle de Madagascar (11 488 espèces) et de 22% celle de Bornéo (11 165 espèces). Avant la publication de l’étude, les botanistes estimaient le nombre de plantes en Nouvelle-Guinée entre 9 000 et 25 000.
68 % de plantes sont endémiques
Pour mener à bien ce projet, débuté il y a deux ans, 99 botanistes de 56 institutions en provenance de 19 pays ont été mobilisés. Ils ont analysé des milliers d’échantillons sur l’archipel, dont certains datant du XVIIème siècle. Les scientifiques ont minutieusement vérifié l’identité de ces plantes et ont pu rassembler les données portant sur plus de 700 000 spécimens prélevés sur l’île. L’ensemble incluait plus de 20 000 espèces végétales dont 3900 espèces d’arbres, ou encore 2 800 espèces d’orchidées. Parmi ces plantes, environ 68 % sont endémiques, c’est-à-dire qu’elles ne poussent que dans la région. Même si les chercheurs ont travaillé indépendamment la plupart du temps, ils ont documenté et détaillé les espèces sur une liste commune, un catalogue en ligne. Ils ont ensuite comparé la liste obtenue à une autre issue de la base de données « Plants of the World Online » pour la Nouvelle-Guinée.
« La Nouvelle-Guinée, une île paradisiaque qui regorge de vie »
Pour l’île, cette étude devrait permettre d’améliorer les découvertes de nouvelles espèces, ainsi que les recherches écologiques et biogéographiques. Elle devrait surtout œuvrer à la préservation de la biodiversité. Comme l’explique le Dr Rodrigo Cámara-Leret, biologique et chercheur principal de l’étude, les données peuvent en outre servir la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), un inventaire mondiale de l’état de conservation des espèces végétales et animales.
Si la Nouvelle Guinée abrite autant d’espèces végétales c’est sans doute grâce à son environnement exceptionnel. Située en plein Pacifique, au nord de l’Australie et à l’est de la Malaisie, cette île présente une mosaïque complexe d’écosystèmes. Il s’agit notamment de forêts tropicales, de montagnes, de marécages et de mangroves qui n’ont pas la même altitude. « La Nouvelle-Guinée est extraordinaire : c’est une île paradisiaque qui regorge de vie », s’est réjoui Rodrigo Cámara-Leret.
Les espèces endémiques menacées par l’exploitation forestière
Malheureusement, comme d’autres îles à la biodiversité très riche, la Nouvelle-Guinée fait face à un déclin de ses habitats naturels. Depuis 2002, elle a perdu 1,15 million d’hectares de forêt primaire et près de 2 millions d’hectares de couverture forestière, d’après des données du World Ressources Institute relayées par Mongabay. En cause : l’exploitation forestière et la conversion des forêts en plantations, entre autres. Ce déclin menace de disparation les espèces endémiques, d’où le besoin d’agir dès maintenant. « Cela signifie que l’Indonésie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les deux Etats entre lesquels l’île est divisée, ont une responsabilité unique pour la survie de cette biodiversité irremplaçable », a souligné Rodrigo Cámara-Leret.