Grâce à l’utilisation avancée de la biologie de synthèse, la startup française Neoplants se positionne comme un acteur de premier plan dans le développement de plantes capables d’éliminer efficacement les principaux polluants présents dans l’air intérieur. Cette technologie novatrice suscite un vif intérêt.
Purification de l’air intérieur via une plante ornementale génétiquement modifiée
L’objectif de Neoplants est de créer une plante ornementale génétiquement modifiée qui joue un rôle clé dans la purification de l’air à l’intérieur des espaces. Ce projet révolutionnaire trouve son origine dans une rencontre fortuite, une idée lumineuse et une vision commune partagée par Lionel Mora, CEO et cofondateur de Neoplants, et Patrick Torbey, titulaire d’un doctorat en génétique de l’École normale supérieure (ENS).
En 2018, au sein de l’incubateur de startups Station F créé par Xavier Niel, l’inspiration a frappé alors que Lionel Mora et Patrick Torbey étaient entourés de magnifiques plantes. C’est alors que Patrick a eu cette idée stupéfiante : créer un organisme végétal doté d’une fonction vertueuse. Pour eux, la plus noble et la plus puissante fonction que l’on puisse attribuer aux plantes était de purifier l’air.
C’est ainsi qu’est née en 2018 Neoplants, une startup prometteuse dans le domaine de la deeptech, terme qui désigne les startups proposant des produits ou services basés sur des innovations de rupture. L’innovation majeure de Neoplants réside dans sa volonté de placer la nature au cœur de l’innovation, avec pour ambition de concevoir une plante ornementale génétiquement modifiée capable de purifier l’air intérieur.
Une plante capturant et transformant les polluants
La pollution de l’air intérieur peut être jusqu’à cinq fois plus élevée que celle de l’extérieur, principalement en raison de la présence de composés organiques volatils (COV) émis par divers éléments tels que les peintures, les meubles et les produits ménagers. Contrairement aux plantes ordinaires qui peuvent capturer ces COV mais les accumulent, la plante Neoplants, appelée Neo P1, a la capacité de les transformer en eau, en sucres, en acides aminés et en oxygène.
Après plus de quatre ans de recherche et développement, Neoplants se prépare à lancer la phase de commercialisation de cette innovation. Présentée avec succès lors du dernier Consumer Electronics Show (CES) en 2023 à Las Vegas, Lionel Mora et Patrick Torbey espèrent pouvoir livrer les premières unités de Neo P1 dès décembre 2023, au prix de 179 dollars l’unité (environ 166,84 euros).
Le marché américain est la prochaine cible majeure
À la fin de l’année 2022, l’entreprise a réussi à lever 20 millions d’euros de fonds pour soutenir sa croissance. Récemment, elle a également établi un laboratoire de biologie synthétique végétale de 1 200 m² à Saint-Ouen (93). “C’est là que nous produisons les plantes mères avant de les envoyer à nos partenaires de production en Californie”, explique Lionel Mora. “La demande ne cesse d’augmenter ! Déjà, 30 000 personnes sont en liste d’attente. La majorité provient du marché américain, qui est plus moderne en termes de réglementation, basée sur une évaluation scientifique plutôt que politique. Pour entrer sur ce marché, nous devons suivre un processus scientifique. Cependant, en Europe, il y a aussi une réglementation politique qui implique le vote des États membres et de la Commission européenne. Cela comporte trop de risques pour une jeune entreprise comme la nôtre.”
La réputation scientifique et technologique de Neoplants se confirme et attire des talents du monde entier. “Nous sommes déjà une équipe d’une trentaine de personnes venant de différentes nationalités et issus des meilleurs laboratoires dans leur domaine”, souligne Lionel Mora. “Dans le secteur de la deeptech, il est facile de se disperser et de multiplier les idées sans jamais les concrétiser. Nous restons concentrés et disciplinés pour pouvoir livrer notre premier produit et confirmer notre modèle. Une fois que Neo P1 sera pleinement développé et commercialisé, nous passerons à l’étape suivante. La biologie est la technologie la plus avancée. Après avoir traité la question de l’air intérieur, nous voulons utiliser nos connaissances et nos technologies pour lutter contre le changement climatique de manière biologique et durable.” Cela correspond à notre ambition initiale.