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Lutte contre les inondations en France : comment le pire a inspiré le meilleur

Alors que la France sort d’épisodes pluvieux catastrophiques, certaines villes ont réussi à transformer leurs tragédies passées en solutions d’avenir. Plongée au cœur de ces territoires qui ont appris à dompter les crues.

Entre 130 et 160 millions d’euros, tel est l’état financier des dommages causés rien qu’à l’Ille-et-Vilaine, dans le Morbihan et dans la Loire-Atlantique selon la Caisse centrale de réassurance (CCR) par les inondations intervenues le mois dernier en France.

Une période de pluviométrie record dans plusieurs départements, notamment à Coulouvray-Boisbenâtre dans la Manche avec 235,2 mm de précipitations, soit 235,2 litres d’eau par mètre carré, à en croire les données de Météo-France, publiées par météociel.

Un épisode très anxiogène pour de nombreux sinistrés, à l’instar des employés de l’hypermarché E.Leclerc de Saint-Nicolas-de-Redon, dans la Loire-Atlantique, confrontés à des mois de fermeture suite à l’envahissement de la zone commerciale de ce centre par l’eau, lundi 27 janvier.

Alors que ces débordements de cours d’eau menacent 18 millions de Français, selon le ministère de la transition écologique, certaines villes et autres territoires du pays peuvent s’estimer à l’abri.

Des catastrophes aux transformations

La clé de leur réussite dans le domptage des vagues ? Une approche proactive née le plus souvent de circonstances dramatiques. L’histoire de Nîmes incarne parfaitement cette situation. Le 3 octobre 1988, la ville se noyait littéralement sous 15 millions de mètres cubes d’eau tombées en moins de six heures.

De quoi causer la mort de neuf personnes et affecter 45 000 autres habitants. “Sans cet épisode dramatique, nous n’aurions pas réussi tout ce que nous avons pu réaliser“, témoigne Jean-Paul Fournier, le maire Les Républicains de la municipalité gardoise engagée depuis dans une transformation radicale destinée à mieux apprivoiser l’eau.

En effet, un vaste réseau souterrain a été créé pour canaliser les eaux venues des Cévennes – chaîne de montagnes située dans le sud de la France –, complété par des bassins de rétention en amont.

Les résultats s’avèrent impressionnants avec un risque d’inondation autrefois d’une chance sur deux chaque année en 1988, désormais divisé par vingt d’ici 2028, d’après le directeur de la prévention des inondations de Nîmes Métropole, Jean-Luc Nuel, cité par Le Monde.

Faire de la nature une alliée

À Vaison-la-Romaine où 37 habitants avaient perdu la vie lors des crues dévastatrices de 1992, le lit de l’Ouvèze – rivière du sud-est de la France – a été élargi, avec un remplacement des zones construites par des espaces naturels, et le déplacement d’un camping.

On demande aujourd’hui à la nature de nous aider à lutter contre les inondations“, confie Marie Evo, directrice du Centre européen de prévention et de gestion des risques d’inondation, interrogée par Le Monde.

La même stratégie a été adoptée à Romorantin-Lanthenay, dans le Loir-et-Cher, avec un crédo : concevoir des aménagements urbains qui, plutôt que de lutter contre l’eau, apprennent à vivre avec elle.

Car comme l’indique auprès du Monde, Rémy Tourment, ingénieur de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, « tous les ouvrages ont leurs limites ».

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