Le spécialiste français des composants décarbonés de peinture entrevoit de grandes perspectives grâce à un nouveau tour de table à succès.
L’entreprise tricolore connue pour ses ingrédients spéciaux de peinture vient de réaliser une levée de fonds de 21 millions d’euros destinée à contribuer à son développement, un aspect crucial pour l’avenir de cette structure.
Elle est en effet spécialisée dans la commercialisation de liants à base de matières biosourcées. Ces substances jouent un triple rôle important dans la fabrication des peintures en leur assurant cohésion, adhérence et protection. Mais l’impact environnemental des liants traditionnels reste problématique.
En cause : leur composition traditionnellement faite de polymères dérivés du pétrole, autant dire des produits chimiques extrêmement polluants. Cela contribue à l’empreinte carbone massive d’une industrie des peintures responsable d’environ 2% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (CO₂).
L’innovation des produits d’Ecoat réside dans leur faible impact environnemental, car ils développés à partir d’huiles végétales (chanvre, colza, lin, tournesol, etc.) au lieu du pétrole. Fondé en 2011, le groupe a en effet conçu une technologie de réticulation permettant aux peintures de sécher sans catalyseur.
Une croissance fulgurante dopée par l’urgence environnementale
Cette création protégée par sept brevets, séduit désormais 85% des fabricants français de peinture et deux leaders mondiaux du top 5 du secteur, d’après Olivier Choulet, président-fondateur de la société, cité par le quotidien Les Échos.
Cette popularité se traduit à travers quelques chiffres significatifs mentionnés dans les colonnes du journal d’information économico-financière. Ecoat a ainsi vu ses ventes exploser de près de 300% depuis 2019, passant de 3,5 millions d’euros en 2022 à 10 millions en 2024, et ce malgré la crise immobilière.
Cette progression spectaculaire s’explique par l’urgence de décarboner un secteur particulièrement polluant, comme relevé plus haut, dans un contexte d’intensification du réchauffement climatique.
“Son potentiel s’inscrit pleinement dans les visées de la transition écologique“, souligne auprès des Échos, Nadia Bouzigues, associée chez Yotta Capital, l’un des nouveaux investisseurs ayant participé à ce tour de table d’un montant initial de 18 millions d’euros.
Expansion internationale et triplement des capacités de production
L’opération complétée par un financement bancaire et une aide du plan France 2030 de 3 millions d’euros, a également vu ECBF (European Circular Bioeconomy Fund), l’investisseur historique Starquest, ainsi que Région Sud Investissement et Smalt Capital, mettre la main à la poche.
Pour répondre à la demande croissante d’alternatives biosourcées – qui pourraient conquérir la moitié du secteur d’ici 2030, selon les experts –, Ecoat veut tripler sa capacité industrielle et renforcer sa présence à l’international, à en croire son président.
Déjà tournée vers l’international avec deux tiers de son activité réalisée à l’exportation – principalement en Europe (60%), en Chine (20%) et aux États-Unis (15%) – l’entreprise entend accélérer son développement mondial, que ce soit par croissance organique ou par acquisitions opportunistes.