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“Sales connes” : Brigitte Macron déclenche le tollé

La première dame française fait face à un torrent de critiques pour avoir insulté des féministes.

Tournée dimanche 7 décembre dans les coulisses des Folies Bergère à Paris, une courte vidéo est rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux. On y aperçoit Brigitte Macron apporter son soutien à l’humoriste Ary Abittan avant son entrée en scène.

« S’il y a des sales connes, on va les foutre dehors », lance la première dame en réponse à l’artiste, visiblement nerveux à l’idée de se produire. Depuis plusieurs mois, celui-ci est la cible de manifestations hostiles en raison de son implication dans une affaire de viol présumé.

Ouverte en 2021 à la suite d’accusations portées par une jeune femme, l’enquête s’est conclue par un non-lieu, confirmé en appel en janvier dernier. D’un point de vue juridique, l’affaire est donc classée.

Mais le retour sur scène de la star de Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? continue d’alimenter la colère des associations féministes, qui multiplient les rassemblements devant les salles où il se produit.

Une soirée électrique aux Folies Bergère

Pour les militantes, la question dépasse le cadre strictement judiciaire et touche à la responsabilité morale et sociale des personnalités publiques accusées de violences sexuelles, même en l’absence de condamnation pénale.

Ainsi, le collectif féministe #NousToutes avait saisi l’occasion de se faire entendre samedi 6 décembre en interrompant le spectacle de l’artiste aux Folies-Bergère. Quatre militantes ont effet surgit dans la salle avec des masques à l’effigie de l’humoriste et la mention « violeur », en scandant « Abittan violeur ».

L’entourage de Brigitte Macron a ensuite cherché à atténuer la polémique, expliquant à l’AFP qu’il s’agissait d’une « critique des méthodes jugées excessives » des militantes. Une tentative de justification qui n’a guère convaincu.

Les mots utilisés en disent long sur sa vision des choses. Le message politique est extrêmement choquant. C’est un crachat de plus sur les victimes et les associations féministes“, a réagi le collectif dans un communiqué, alors que la comédienne Judith Godrèche, elle-même engagée dans la lutte contre les violences sexuelles dans le monde du spectacle, leur a apporté son soutien.

Malaise au sommet de l’État

Cette sortie de la première dame embarrasse jusque dans les cercles du pouvoir. Elle apparaît d’autant plus maladroite que l’Élysée avait fait de la défense des droits des femmes « la grande cause du quinquennat » d’Emmanuel Macron.

Pour ses détracteurs, le décalage entre les discours officiels et le ton familier capté par la caméra illustre une forme d’hypocrisie du pouvoir face aux combats féministes, surtout lorsque ceux-ci viennent troubler l’agenda présidentiel.

« Une première dame ne devrait pas dire ça », a réagi sur BFMTV la secrétaire nationale des écologistes Marine Tondelier, qualifiant ces propos de « gravissimes ». Tout en admettant qu’Ary Abittan, après le non-lieu, « a le droit de retrouver la scène », elle rappelle que « les féministes ont, elles aussi, celui d’exprimer leur opinion ».

L’expression « sales connes », devenue en quelques jours un hashtag virulent et un symbole de mobilisation, pourrait bien rester longtemps associée à Brigitte Macron, au moment où l’image présidentielle apparaît plus que jamais écornée en cette fin de mandat.

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