“Dry January” : pourquoi son application est si difficile en France ?
7 janvier 2020Le “Dry January” autrement dit le janvier sans alcool, pointe le bout de son nez dans l’hexagone depuis quelques années. Néanmoins si dans pas mal de pays la campagne demeure soutenue, en France il en est autrement.
Le “Dry January” un mouvement venu du Royaume-Uni
C’est un mouvement peu, voire pas soutenue du tout en France. Le Dry January n’a pas le vent en poupe. Créé en 2013 il y a déjà 6 ans de cela, le mois sans alcool ne séduit pas les hautes instances françaises. Ayant pour but de réduire la consommation d’alcool à l’échelle nationale, particulièrement après les fêtes, le Dry January reste en vogue outre-Manche, chose qui n’est pas le cas en France. Ainsi 8% de la population outre-Manche participe au mois sans alcool, contre plus de 23% outre-Atlantique, aux États-Unis. Des chiffres conséquents qui en France ne demeurent pas si élevés.
Lancé par les associations sur le modèle britannique le mouvement peine à convaincre perdu entre lobbyings et intérêts privés. Pourtant le Dry January part d’un constat simple, celui de pousser au questionnement. Ainsi Michel Reynaud, président du Fonds actions addictions, et parallèlement professeur honoraire de psychiatrie et d’addictologie se penche sur le sujet. Il déclare sur Europe 1 que “Le Dry January permet surtout de percevoir toutes les circonstances où l’on boit, et ce pourquoi on est amené à boire. Il y a des intérêts physiques, mais l’intérêt psychique est plus important encore“. En somme un mouvement qui questionne sur la consommation de l’alcool elle-même plutôt que sur l’alcool. Mais cela va aussi encore plus loin.
Des conséquences de l’alcool sur l’individu
Bien sûr le mouvement n’a pas que pour but le questionnement. Il pousse la démarche plus loin, et plus logiquement sur les bénéfices de plus de 30 jours sans alcool sur la santé. Ainsi le professeur précise toujours sur Europe 1, qu’après un mois, des effets très nets apparaîtraient. Outre un meilleur sommeil, une augmentation de la concentration serait à prévoir, tout comme une légère perte de poids. Une amélioration du grain de peau, une amélioration de la tension générale, notamment dans les cas d’hypertension. En somme le Dry January, s’insère aussi dans le domaine de la santé et finalement de la prévention. Et si l’intention reste louable, il paraît complexe qu’en France le mouvement prenne les mêmes ampleurs que dans les pays anglo-saxons. Le Vin notamment et l’alcool par conséquent est ancré à l’image d’un atavisme dans la culture française. Ainsi et dans cette lignée, le gouvernement n’aura pas cette année encore soutenu le mouvement.
Un lobby conséquent
Bien évidemment les lobbys du vin sont conséquents. La France demeurant un des plus gros producteurs de vins au monde reste dans l’impossibilité d’aller dans un mouvement qui serait contraire à son identité, sa culture même. Considéré comme un véritable atout à l’exportation et donc à l’international, le vin s’insère dans une dynamique très française. Chose qui de facto ne peut qu’être soutenue par le gouvernement qui ne soutient pas un mouvement allant dans le sens de la prévention et de la santé. Les lobbys que ce soient du vin ou de l’alcool restent encore puissant, assez pour dissuader les institutions de se mêler à ce mouvement qui finalement n’a que peu de chance de demeurer dans un pays qui a fait de l’alcool un art de vivre et même plus une richesse exportable dans le monde entier. Si les effets physiques et les études d’un mois sans alcool, et sur la consommation d’alcool elle-même sont souvent négligés et relégués au second plan, n’en reste pas moins qu’en France plus qu’ailleurs, le mouvement pourrait se trouve bloqué. Bonne ou mauvaise idée, chacun se fera son opinion, quoi qu’il en soit, et c’est sans doute le point le plus important à retenir, le Dry January risque dans les années à venir d’être une source conséquente de débats. En attendant le mouvement étant pour l’heure très anonymisé en France, le janvier sans alcool reste pour le moment marginal.