Energie : l’hydrogène vert commence à faire des adeptes

Energie : l’hydrogène vert commence à faire des adeptes

17 février 2020 0 Par Adrien Rimena

Produit par électrolyse de l’eau avec de l’électricité renouvelable, l’hydrogène vert s’impose aujourd’hui comme le candidat idéal de la transition énergétique. Si elle manque encore de compétitivité pour une industrialisation en masse, cette ressource commence à faire des adeptes en France, notamment parmi les majors de l’énergie. Les discours et les stratégies ayant changé au cours de ces derniers mois.

Les lignes bougent en faveur de l’hydrogène

Il y a quelques années, les industriels ne voulaient pas entendre parler de l’hydrogène dont on ne savait rien, même pas le mode de génération. Début 2019, les patrons du secteur de la mobilité et de l’énergie estimaient encore qu’il ne fallait pas se faire d’illusions sur ce gaz. Mais récemment, les discours ont profondément changé et l’on surprend certains acteurs à parler de potentialités de l’hydrogène.

L’un des plus sceptiques, le PDG de Total, Patrick Pouyanné, a indiqué fin 2019 que « la filière hydrogène mérite d’être regardée de plus près ». Comme lui, les patrons de 60 grandes sociétés de l’énergie, des transports et de l’industrie ont récemment pris l’engagement de développer la filière de l’hydrogène vert car produit par électrolyse de l’eau avec de l’électricité renouvelable. Or l’hydrogène manufacturé qu’on connaissait jusqu’alors s’obtenait à partir d’énergie fossiles. Ce qui en fait un gaz très pollueur. Les industriels ont évalué que l’hydrogène vert pourrait fournir près d’un cinquième de l’énergie totale consommée d’ici 2050. Et surtout réduire les émissions de carbone d’environ six milliards de tonnes par rapport à aujourd’hui.

L’hydrogène naturel, plus vertueux que l’hydrogène vert

Le gouvernement français, qui appuie les initiatives en faveur de l’hydrogène vert, annonce de son côté une nouvelle feuille de route énergétique de la France ou Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Celle-ci prévoit l’arrivée de l’hydrogène dans le mix énergétique française entre 2030 et 2035. Si l’Etat promeut ce gaz c’est parce qu’il est une énergie totalement propre (zéro émission de CO2), un pont entre les réseaux électriques, de gaz et les transports. Cette ressource fait en outre preuve de flexibilité car elle peut être stocké et distribué à la demande en plus de permettre des économies et une maîtrise des dépenses énergétiques.

Si l’hydrogène vert se présente comme une belle alternative aux énergies fossiles actuelles, il ne surpasse pas l’hydrogène naturel. Celui-ci est totalement vertueux : propre, sans risques, renouvelable, abondant et peu coûteux. Jusqu’à présent les décideurs publics et acteurs hésitent à se lancer dans son exploitation. Ils avancent un manque de connaissance sur cette nouvelle ressource. Ainsi, attendent-ils des travaux et des recherches supplémentaires pour se lancer dans sa production.

Le Mali en exemple

Mais au Mali, un homme montre déjà la voie : Aliou Boubacar Diallo. Cet entrepreneur audacieux a fondé, il y a dix ans, sa société d’exploration et d’exploitation de l’hydrogène naturel. Baptisée Hydroma SA, celle-ci produit de l’électricité verte grâce à une unité pilote installée à Bourakébougou, un village situé à une soixantaine de kilomètres de Bamako. En juillet 2019, il a lancé la seconde phase de son projet, à savoir la production à grande échelle de l’électricité propre à partir de l’hydrogène naturel.