Microsoft : la réincarnation numérique bientôt possible ?
27 janvier 2021
Microsoft a obtenu en décembre dernier un brevet pour le développement d’un agent conversationnel ou chatbot permettant de parler à un proche décédé. L’IA reproduira la manière d’écrire ou de parler d’une personne spécifique en se servant de ses messages et publications sur les réseaux sociaux.
Microsoft a obtenu en décembre dernier un brevet révolutionnaire déposé en 2017 auprès de l’US Patent and Trademark Office, l’Office américain des brevets et des marques. Il vise le développement d’un agent conversationnel ou chatbat qui reproduit la manière d’écrire ou de parler d’une personne décédée. « La personne peut correspondre avec une entité passée ou présente (ou une version de celle-ci), telle qu’un ami, un parent, une connaissance, une célébrité, un personnage fictif, un personnage historique, une entité aléatoire, etc. », peut-on lire dans le document.
Une réplique numérique en 2 et 3D
Le brevet repose sur une intelligence artificielle qui analyse les publications du défunt sur les réseaux sociaux (images, enregistrements vocaux, messages électroniques, etc.) pour créer un indice de la personnalité. Celui-ci alimente ensuite en textes et paroles l’agent conversationnel. Aussi, ce chatbot pourrait même se faire chair numériquement avec des plans en 2 et 3D par le biais de photos et de vidéos de l’individu. Pour ce dernier cas, la copie virtuelle reproduira exactement la voix du défunt. L’application baptisée « ghostbot » pourrait ainsi fonctionner avec des appareils intelligents tels qu’Amazon Alexa ou Google Nest.
Aider à traverser le processus de deuil
Cette application rappelle un épisode de la série Black Mirror intitulé « Be Right Back » (« Bientôt de retour »), qui évoque un personnage ramenant un être cher d’outre-tombe après un accident de voiture. Il utilise une technologie similaire à celle de Microsoft. Mais, le personnage prendra conscience que cette une réplique virtuelle interactive a une limite : elle ne ramène pas vraiment le proche décédé. La firme de Redmond précise déjà que son « ghostbot » souhaite uniquement aider les gens à traverser le processus de deuil.
Des batailles juridiques à l’horizon ?
Mais, cette application ne servira pas seulement à faire revivre virtuellement les morts. Selon le brevet, elle permettra aussi d’échanger avec une version plus jeune de soi, ou avec des célébrités, des personnages historiques ou fictifs. Dans ces derniers cas, il pourrait surgir des batailles juridiques. Aux Etats Unis, par exemple, plusieurs États reconnaissent les droits post-mortem, qui permettent à un défunt de bénéficier d’une protection de 10 à 100 ans contre l’utilisation non autorisée de son identité (image, nom, voix, etc.) à des fins lucratives. Hollywood se sert déjà des technologies deepfake actuelles pour ramener à l’écran un acteur disparu comme James Dean dans le film de guerre « Finding Jack » en 2019.