La guerre en Ukraine est catastrophique pour la nature
20 avril 2022La guerre en Ukraine fait aussi une victime invisible : la nature. Feux, pollutions ou encore destructions de la biodiversité : le conflit actuel a des conséquences majeures durables sur la faune et la flore.
Une fois que la guerre sera terminée, l’Ukraine devra être reconstruite, et cela demandera un état des lieux des effets environnementaux ainsi qu’un nettoyage des sites où la contamination est grande. Le continent européen ne peut pas désirer stopper le conflit et laisser l’Ukraine à son sort, au milieu d’une industrie polluante et la crise. Si le pays doit avoir une finalité européenne, il est nécessaire que l’UE offre son aide dans une ambition environnementale forte. Évidemment, la survie est la priorité, tout comme la reconstruction économique. Or, en mettant l’environnement en second plan, le danger est de devoir reconstruire rapidement et de la mauvaise façon au niveau écologique.
L’UE doit apporter son expertise à l’Ukraine dans sa reconstruction. Elle doit être compatible avec le pacte vert européen. Même si ce scénario tient encore de la science-fiction, il est nécessaire d’en tirer des leçons et stopper les industries polluantes. Si le président Volodymyr Zelensky passe l’épreuve de la guerre, ce dernier devrait faire le choix de l’Europe et de la vertu environnementale.
Feux d’un dépôt de carburant et destruction d’infrastructures toxiques
Un feu est survenu dans un dépôt de carburant à Lutsk dans l’ouest de l’Ukraine à la suite d’une frappe russe fin mars. Conséquence terrible : pollution des sols et des eaux, feux ou encore biodiversité ravagée. Ainsi, la catastrophe environnementale pourrait s’intégrer à la catastrophe humanitaire de la guerre dans le pays.
La plupart du temps laissée de côté dans les guerres, la destruction de la nature est pourtant un réel sujet d’inquiétude. Il faut également prendre en compte que l’Ukraine est riche en biodiversité, nucléarisé et grandement industrialisé, et par conséquent il représente un réel danger de pollutions massives. Chaque guerre possède son narratif environnemental. L’Ukraine représente 6 % du continent européen. Or, plus de 35 % de sa biodiversité y est présente. De multiples zones humides sont également là avec une industrialisation conséquente, laissée par la période soviétique.
Autre danger : la destruction d’infrastructures, telles que les raffineries, les usines chimiques ou d’industrie lourde, les pipelines, ou les stocks de pesticides. Chacun de ces lieux est dangereux car émetteur de polluants à court mais aussi à long terme. Dès le début du conflit, l’Observatoire des conflits et de l’environnement parvenait à dénicher de multiples feux d’endroits dangereux comme par exemple un réservoir de carburant à Chuhuyev. Ces incendies engendrent une pollution atmosphérique et émettent des gaz toxiques ainsi que des particules de métaux lourds. Même chose lorsque des véhicules militaires prennent feu. Les exemples de destructions de lieux dangereux sont multiples et variés lors des premières semaines de cette guerre : pipeline gazier à Kharkiv ou encore navires pétroliers et chimiques au large d’Odessa. C’est pourquoi les associations et les experts poursuivent leur travail minutieux d’étude de dégâts à distance.
Mines antipersonnel et danger nucléaire
Un autre danger est lié au minage. En effet, les mines antipersonnel remplissent les plages. Si ces dernières viennent à exploser, elles peuvent émettre des contaminants dans les eaux et les champs situés à proximité. Elles représentent également un vrai danger pour la santé et la nature. Les explosifs et les édifices qui sont détruits émettent des particules fines cancérigènes ainsi qu’une multitude de métaux lourds. Ainsi, plus de 50 % du pays serait « pollué » par les tirs de l’armée russe. : La totalité des zones polluées à cause des engins explosifs est estimée à 300 000 kilomètres carrés.
Des destructions auxquelles s’intègre le danger nucléaire. Il faut savoir que l’Ukraine est le second pays le plus nucléarisé du continent européen avec la présence de quinze réacteurs. À part les peurs pour les centrales, la guerre a déjà engendré une augmentation des pourcentages de radioactivité à proximité de la centrale, conséquence du passage des véhicules russes qui a projeté des particules radioactives. En plus, des feux de forêt ont lieu dans la zone. Par conséquent, il y a un danger de libération des radionucléides présents dans les arbres.
En plus, les sondes de surveillance de la zone d’exclusion, et celles non loin des réacteurs de Tchernobyl, ne fonctionnent plus à cause de la guerre. Par conséquent, elles ne peuvent pas donner d’informations par rapport à la radioactivité dans la zone. Lors des guerres, on s’occupe des destructions environnementales après coup. Or, ce conflit est différent puisque le pays possède bon nombre de sites dangereux. Le danger qu’une crise environnementale survienne est malheureusement conséquent.
Services environnementaux arrêtés et vieilles mines de minerais
Il y a encore bon nombre d’autres risques liés à l’environnement. Parmi eux, il y a les effets indirects du conflit, dont l’arrêt de gestion de produits dangereux : traitement des déchets ou encore des eaux usées. L’état de la région du Donbass à la suite d’années de guerre offre un triste aperçu des dangers que peut rencontrer le pays lors de cette guerre. Par exemple, il y a quatre ans, la bactérie E.coli a signé son retour dans les rivières, car le traitement des eaux usées n’était plus garanti à cause du conflit. En 2018, l’ONU a signé un rapport sur le contexte dans cette zone : plus de 500 000 hectares de terres avaient déjà été ravagés, dont près de 80 000 de réserve naturelle. En plus de cela, le pays intègre 38 zones naturelles protégées. Et malheureusement, les véhicules russes sont loin de respecter cela …
Enfin, un des derniers soucis environnementaux de cette guerre concerne les vieilles mines de minerais, qui sont en majorité en arrêt. À la suite de la fin de leur activité, ces mines doivent être pompées afin qu’elles n’accueillent pas une eau remplie de polluants tels que le plomb, l’arsenic ou le mercure. Cependant, dans cette zone en guerre depuis plus de 8 ans, ces dernières ne sont plus pompées. En plus, certaines mines ont été façonnées par … des explosions nucléaires ! Ainsi, il y a un vrai danger de diffusion de ces particules dans l’eau.