Irlande : abatage de 200 000 vaches d’ici 2026
25 juillet 2023Le gouvernement irlandais envisage de mettre en place une mesure radicale pour lutter contre le réchauffement climatique : l’abattage de 200 000 vaches laitières au cours des trois prochaines années. Cette décision vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre, dont le secteur agricole est responsable à hauteur de 38% en Irlande.
La proposition, qui a pour objectif de faire face aux défis climatiques, suscite une attention particulière. L’Irlande prévoit de réduire considérablement son cheptel bovin dans les années à venir, compte tenu de la contribution significative du secteur agricole aux émissions de gaz à effet de serre du pays.
Selon des informations divulguées par le ministère irlandais de l’Agriculture, environ 200 000 vaches seraient sacrifiées au cours des trois prochaines années, ce qui entraînerait une réduction d’environ une tonne de CO2 émise. L’objectif à long terme est de réduire de 25% les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole d’ici 2030.
Décision pas encore prise
Bien que la mesure soit actuellement envisagée sur une base volontaire, elle suscite une vive opposition de la part du secteur agricole et des associations de défense des animaux. La colère s’est notamment exprimée parmi les éleveurs et l’industrie laitière, qui estime être les seuls à payer les conséquences de cette décision, tandis que d’autres secteurs tels que l’aéronautique et les transports continuent de polluer impunément, selon le président de l’organisation laitière Irish Creamery Milk Suppliers, Pat McCormack, cité dans l’Irish Times. Cette mesure mettrait en danger environ 55 000 emplois directs et indirects.
Face à ces réactions virulentes, le ministère de l’Agriculture assure que cette option n’est qu’un parmi plusieurs scénarios étudiés et que la décision finale n’a pas encore été prise.
Cinq millions d’habitants pour 6,5 millions de vaches
Pour mettre en perspective, l’Irlande compte plus de vaches que d’habitants, avec 6,5 millions de bovins pour une population de 5 millions d’Irlandais. Selon une alerte de la Commission européenne au ministère de l’Agriculture irlandais citée par l’Irish Times, cette augmentation de 40 % observée au cours des dix dernières années serait en grande partie attribuable à la fin des quotas laitiers au sein de l’Union européenne depuis 2015.
Les Pays-Bas, qui sont connus pour leur élevage intensif, ont également mis en place un “plan azote” visant à réduire de 30 % le cheptel néerlandais et à limiter les engrais riches en ammoniac. En France, premier producteur de viande bovine en Europe et deuxième en termes de troupeau laitier derrière l’Allemagne, le cheptel compte environ 17 millions de têtes et contribue à hauteur de 11,8 % des émissions du pays. La Cour des comptes a d’ailleurs souligné dans un rapport publié le 22 mai dernier que le gouvernement français devrait définir et rendre publique une stratégie de réduction du nombre de vaches élevées en France afin de diminuer les émissions de gaz à effet de serre.
Idem aux Pays-Bas et en France ?
Face aux réactions suscitées par la proposition de réduire le cheptel bovin en Irlande, le ministère de l’Agriculture assure qu’il s’agit seulement d’un des scénarios à l’étude et que la décision finale n’a pas encore été prise. Cependant, cette déclaration ne parvient pas à apaiser les inquiétudes. Près de 55 000 emplois directs et indirects sont en jeu, et Pat McCormack, président de l’organisation laitière Irish Creamery Milk Suppliers, dénonce le fait que les éleveurs et l’agroalimentaire soient les seuls à être affectés, tandis que les industries de l’aéronautique et du transport continuent de polluer impunément.
Les agriculteurs néerlandais font face à une situation similaire. Depuis fin 2021, ils manifestent également contre le “plan azote” qui prévoit la disparition de 30 % du cheptel aux Pays-Bas, pays réputé pour son élevage intensif, ainsi qu’une limitation des engrais riches en ammoniac.
La France ne sera pas épargnée non plus. Nos vaches contribuent à hauteur de 11,8 % de nos émissions de gaz à effet de serre, et la Cour des comptes a recommandé au gouvernement de définir une stratégie de réduction du cheptel bovin.
De leur côté, en Nouvelle-Zélande, qui compte autant de vaches que d’habitants, une autre approche est envisagée : la taxation des rots et flatulences bovines à partir de 2025. Cette proposition suscite également des résistances de la part des éleveurs.