Le génie économique et juridique de Napoléon Bonaparte !
2 janvier 2024Par Didier Maurin, Président de Katleya Advisor S.A. à Genève
Tout commence avec l’esprit des Lumières où Spinoza, Descartes, Kant, Diderot, Rousseau, Voltaire et bien d’autres « déconstruiront », comme on le dit en philosophie, la notion de droit divin donné à un monarque, ce qui conduira à la Révolution française.
S’ensuivra alors un grand nombre d’attaques contre la France de la part de l’ensemble des monarchies européennes, le peuple français donnant un très mauvais exemple à leurs propres populations en conduisant Louis XVI et Marie Antoinette à la guillotine.
Ce sera Valmy, le 20 septembre 1792, une première grande attaque aristocratique contre la France révolutionnaire, où les Français vaincront l’armée prussienne du Duc de Brunswick qui, lui aussi, était épouvanté par les menaces révolutionnaires françaises en Europe qui pouvaient pousser son propre peuple à l’amener à l’échafaud, lui qui voulait absolument libérer Louis XVI, alors emprisonné. Dès lors, des révolutionnaires comme Robespierre, Saint-Just, Danton, Mirabeau, Marat ou encore Camille Desmoulins sont sans illusions.
Les aristocrates européens se sentent directement menacés par la Révolution française et craignent pour leur vie.
Pour eux, les Français doivent être écrasés à tout prix.
Il est donc maintenant du devoir des révolutionnaires de trouver dans leurs rangs quelqu’un d’extrêmement brillant à qui on pourra confier l’armée française avec la mission d’écraser toute attaque aristocratique européenne visant la France.
Or, dans ces mêmes rangs, se trouve un jeune officier corse qui a d’ailleurs dû apprendre le français, une langue qu’il ne pratiquait pas, mais dont le talent pour les révolutionnaires semble très prometteur : un certain Napoléon Bonaparte !
Les grands aristocrates européens l’ont toujours méprisé, lui qui ne venait que d’une petite classe moyenne corse, et leur haine à son égard s’est décuplée lorsqu’il battit leurs armées, pourtant bien mieux équipées que la sienne pour un plus grand nombre de soldats, avec un sens de la stratégie qu’ils n’avaient jamais vu jusqu’alors.
Ce fut Austerlitz, Iéna, Eylau, Friedland, Wagram avant, malheureusement, Waterloo, où les attaques aristocratiques européennes se brisèrent à chaque fois sur la stratégie napoléonienne, des batailles que l’actuel film de Ridley Scott sur Napoléon décrit très bien.
On reprochera beaucoup à Napoléon le nombre de morts, mais en oubliant à peu près systématiquement que c’est lui qui était pratiquement toujours attaqué. Mais Napoléon ne fut pas qu’un guerrier exceptionnel.
Epris de l’esprit des Lumières, lui qui avait étudié avec soin les plus grands philosophes de l’époque, décida de mettre en pratique cet esprit philosophique afin de donner un grand nombre de droits aux populations européennes.
Ainsi naquit, avec l’aide de Cambacérès et de beaucoup de juristes, après trois années de travail acharné, le Code Napoléon qui nous donne toujours autant de possibilités individuelles aujourd’hui.
La phrase la plus célèbre de ce code est probablement : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », une phrase qui enragera les aristocrates européens qui voudront à tout prix vaincre l’Empereur à Waterloo, car pour eux, il était hors de question qu’un simple paysan puisse avoir les mêmes droits qu’eux.
Mais Napoléon Bonaparte remportera aussi un grand nombre de batailles dans un secteur où il est à peu près inconnu, à savoir l’économie.
Ardent défenseur de l’Etat, car Napoléon n’avait rien d’un ultra-libéral, son message était clair.
Enrichissez-vous, car cela est très bien, dès lors que vous restez dans le même temps au service de la Nation.
Se tenant informé de la situation économique au jour le jour, l’Empereur était en faveur d’un budget équilibré sans déficit excessif, et la monnaie qu’il bâtit, le franc germinal, restera stable jusqu’au début de la Première Guerre mondiale, en 1914, une stabilité monétaire qui surprend toujours aujourd’hui les économistes et les historiens.
Napoléon était attentif à la production agricole, première économie de l’époque, et la favorisait car chaque citoyen devait pouvoir manger à sa faim.
En 1812, il crée le « Ministère des Manufactures et du Commerce » afin de favoriser la propriété individuelle et l’essor d’une classe bourgeoise commerçante, mais en veillant toujours à ce que ce développement serve l’intérêt général.
La Banque de France fut l’une de ses plus belles réalisations et il était hors de question pour lui d’user d’une quelconque « planche à billets », si fréquente à l’heure actuelle et source d’inflation. Il faut dire qu’il avait vu la valeur des assignats s’effondrer pendant la Révolution et en avait tiré des conclusions.
Mieux valait pour lui que la Banque de France accumule nombre de métaux précieux, ce qui ajoute à la stabilité de la monnaie, sans oublier qu’ayant vaincu les aristocrates et leurs armées, il a pu rapatrier en France 300 millions de franc-or qui, à l’époque, représentaient une somme considérable.
L’Empereur était attentif à la balance commerciale, excédentaire autrefois et en total déficit désormais car il était en faveur du développement du commerce, source de l’enrichissement des nations.
Par contre, une erreur napoléonienne sera de beaucoup trop favoriser la France par rapport aux autres pays d’Europe lorsque Napoléon deviendra l’Empereur, ce qui lui vaudra bien des inimitiés, notamment d’un point de vue prussien.
Napoléon Bonaparte fut aussi le créateur des lycées, du Baccalauréat, de la Légion d’honneur, du Conseil d’Etat, du Conseil constitutionnel, des Prud’hommes, de la Cour des comptes, de l’Ordre des Préfets et des sapeurs-pompiers.
En fait, l’Empereur reste constamment présent dans nos vies quotidiennes mais nous ne nous en rendons pas compte et l’Europe d’aujourd’hui, avec ses droits donnés aux individus, est aujourd’hui globalement une Europe napoléonienne.
Cependant, il y a 200 ans, l’aristocratie européenne ne voulait pas de cette Europe et n’a cessé d’essayer de la détruire.
Napoléon divise toujours et cela n’est pas fini car ses deux grandes erreurs furent la campagne de Russie et la guerre d’Espagne ; deux fautes qu’il reconnaitra d’ailleurs lui-même sur l’île de Sainte-Hélène lorsqu’il écrira ses mémoires.
L’homme reste néanmoins extraordinaire et au niveau international, il est étonnant qu’il soit l’être humain le plus connu au monde… après Jésus-Christ ! Car même les Japonais et les Chinois ont entendu parler de Napoléon Bonaparte !
Et l’Empereur a ses partisans et non des moindres, comme Charles de Gaulle ou Nietzsche qui refusaient de l’appeler « l’Empereur », mais bien au contraire, « Le Grand Empereur ».
Cependant, l’homme d’Etat le plus surprenant qui ait jamais été un fervent défenseur de Napoléon Bonaparte est Winston Churchill, le plus célèbre Premier ministre britannique, alors même que sa nation fut celle qui combattit l’Empereur avec le plus d’acharnement.
Pour Churchill, en effet, globalement, Napoléon Bonaparte avait raison et l’ensemble des peuples européens auraient bien mieux fait de le suivre plutôt que de combattre pour leurs aristocrates, leurs châteaux, leurs richesses
et leurs privilèges.
Winston Churchill fut l’un des plus grands admirateurs de Napoléon Bonaparte et sur son bureau trônait toujours une statue de l’Empereur. Non ! Du Grand Empereur !