Trump élu, les biocarburants s’envolent
9 novembre 2024Les crédits d’énergies renouvelables ont connu une hausse spectaculaire vendredi, défiant ainsi les pronostics pour la plupart pessimistes dans la foulée de la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis.
Contre toute attente, les “Renewable Identification Numbers” (RIN), expression désignant ces numéros de série uniques, attribués par l’Agence de protection de l’environnement (EPA) pour chaque gallon de biocarburant produit ou importé aux États-Unis, ont grimpé à 79 cents l’unité vendredi.
Cela inclut à la fois les prix RIN D4, délivrés aux producteurs de biodiesel, et ceux des RIN D6, destinés aux fournisseurs d’éthanol, dans le cadre d’une hausse décrite par la LSEG (London Stock Exchange Group) citée par Reuters, comme la plus forte du marché depuis le début de l’année.
Instruments stratégiques de la politique énergétique américaine, ces crédits de carburants renouvelables permettent au gouvernement fédéral d’imposer et de contrôler l’incorporation de biocarburants dans le mix énergétique national. À travers l’EPA, l’État fixe en effet, des quotas annuels obligatoires d’incorporation que les raffineurs sont tenus de respecter sous peine d’amendes.
De quoi accélérer la transition énergétique du pays vers des carburants plus durables, même si le système fait toujours l’objet de débats constants entre industriels, agriculteurs et régulateurs.
Un paradoxe qui défie les prévisions
Pour cause, le nouveau locataire du Bureau ovale avait, lors de son premier mandat en 2016 et 2020, considérablement assoupli les contraintes du programme, accordant de fait, de nombreuses dérogations aux petites raffineries pour des motifs prétendument économiques.
De quoi susciter de vives critiques de la part des producteurs de biocarburants et des agriculteurs, qui y voyaient notamment un affaiblissement du marché des RIN et donc de leurs revenus potentiels.
La perspective de voir le 47e président des États-Unis procéder à nouveau de la même façon aurait donc dû faire frémir le marché, conformément aux attentes des traders et autres acteurs.
Tension entre producteurs et raffineurs
Il n’en est manifestement rien. Cela pourrait suggérer que le secteur se révèle suffisamment résilient indépendamment des aléas électoraux et politiques. C’est en tout cas, une bonne nouvelle pour les producteurs de biocarburants, dépendants de ces crédits pour compenser leurs coûts élevés de production.
Le tableau aggrave en revanche, comme l’indique Reuters, la situation des raffineurs pétroliers, dont les marges sont sous d’ores et déjà pression en raison de la surcapacité et de la faible demande.
Alex Hodes, analyste chez StoneX, suggère ainsi auprès de l’agence de presse britannique, que “certaines petites raffineries achètent peut-être des crédits maintenant par précaution, ne sachant pas si Trump réintroduira réellement les exemptions généralisées”.