La revanche climatique chinoise

La revanche climatique chinoise

17 juillet 2025 0 Par La rédaction

Hier vilain petit canard climatique, la Chine mène aujourd’hui la course mondiale aux énergies vertes avec des performances qui éclipsent de nombreux pays.

« Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera ». Cette prophétie attribuée à Napoléon trouve aujourd’hui une résonance inattendue : c’est dans la transition énergétique que l’Empire du Milieu fait trembler la planète. Malgré son statut de premier pollueur mondial, la Chine mène une révolution verte d’une ampleur inédite.

Solaire, éolien, nucléaire : tous les secteurs sont mobilisés dans cette course aux énergies propres. Le rythme des chiffres évoqués par Le Monde est vertigineux. En 2024, plus de la moitié des panneaux solaires installés dans le monde l’ont été sur le territoire chinois.

Entre janvier et mai, l’Empire du Milieu a déployé 198 gigawatts de capacité photovoltaïque, soit presque l’équivalent de tout le parc américain (239 gigawatts). Cette frénésie d’installation porte la Chine au-delà des 1 000 gigawatts de puissance solaire, contre seulement 338 gigawatts pour toute l’Union européenne (UE).

Comme l’affirmait Xi Jinping en avril dernier : « La Chine a bâti le système d’énergies renouvelables le plus étendu et la chaîne industrielle la plus complète ».

Une véritable hyperpuissance verte

La deuxième puissance économique mondiale s’impose ainsi comme le leader planétaire de la révolution verte, surtout depuis que les États-Unis ont abandonné leurs ambitions climatiques sous  Donald Trump. Un retournement spectaculaire pour un pays encore massivement dépendant du charbon il y a quinze ans.

À l’époque, les conséquences sanitaires étaient dramatiques, avec 1,2 million de morts par an. Le documentaire “Sous la coupole” (2015) de Chai Jing, ancienne star de CCTV, avait provoqué un électrochoc en révélant l’impact de la pollution sur sa propre fille, victime d’une tumeur avant même sa naissance.

Face à ce scandale sanitaire, l’État a lancé un plan massif de transition énergétique, multipliant les subventions aux entreprises du secteur vert. Résultat : les champions chinois dominent désormais les marchés mondiaux.

Contemporary Amperex Technology Limited (CATL) contrôle 38% du marché des batteries tandis que BYD a détrôné Tesla pour devenir le premier constructeur mondial de voitures électriques.

Un éléphant dans la pièce

Mieux, cette émulation place la Chine en position de quasi-monopole sur les technologies vertes : 80% de la production mondiale de panneaux solaires, 60% des éoliennes, 70% des batteries automobiles.

Pourtant, ce miracle technologique et économique se heurte à une réalité têtue : la Chine demeure le premier pollueur mondial. En 2024, elle a émis 12 milliards de tonnes de CO2, soit 30% des émissions planétaires.

Un chiffre d’autant plus impressionnant que le pays ne représente que 18% de la population mondiale. Mais les choses pourraient changer : certaines études suggérant que l’Empire du Milieu a peut-être déjà atteint son pic d’émissions, avec cinq ans d’avance sur l’objectif fixé à 2030.

Si cette tendance se confirme, il pourrait enfin se défaire de son image de pollueur et tenir sa promesse de neutralité carbone d’ici 2060.