
Les banques américaines sont-elles sous influence politique ?
10 août 2025Donald Trump menace de sanctionner les institutions financières qu’il accuse de discrimination contre lui et ses partisans conservateurs.
“Ils discriminent totalement contre, je pense, moi peut-être encore plus, mais ils discriminent contre de nombreux conservateurs“. Donald Trump a certaines banques dans son collimateur, et il n’a pas hésité à le faire savoir, mardi 5 août dernier, dans une interview à CNBC.
Il a accusé JPMorgan et Bank of America (BofA) de l’avoir pénalisé par le passé pour son orientation politique. “J’avais des centaines de millions, j’avais de nombreux, de très nombreux comptes remplis de liquidités… et ils m’ont dit : ‘Je suis désolé monsieur, nous ne pouvons pas vous garder. Vous avez 20 jours pour partir'”, a déclaré le président américain.
“J’ai fini par aller dans de petites banques partout. Je mettais 10 millions ici, 10 millions là“, a-t-il poursuivi, évoquant ce phénomène connu sous le terme de “debanking”, c’est-à-dire des pratiques discriminatoires qui vont au-delà des critères financiers traditionnels pour évaluer la clientèle bancaire.
La controverse n’est pas nouvelle, mais elle prend une dimension particulière dans le climat politique actuel, alors qu’un témoignage est récemment venu accabler JP Morgan.
Les accusations de Sam Brownback
L’ancien gouverneur et sénateur du Kansas, Sam Brownback, aujourd’hui président du National Committee for Religious Freedom, affirme en effet que JPMorgan a fermé les comptes de son organisation à but non lucratif en 2022 dans des circonstances qu’il juge suspectes.
Selon lui, la banque a exigé des informations inhabituelles : des listes de donateurs et des détails sur les candidats politiques que l’organisation soutiendrait. “Ces questions ne devraient jamais surgir dans une conversation bancaire. Vous ne devriez pas avoir à divulguer ce genre d’informations”, déclare-t-il.
“Vous pouviez voir que la banque suivait un agenda particulier à travers le système réglementaire de gauche, ce qui a conduit à l’exclusion bancaire de nombreux groupes conservateurs. Le nôtre en faisait partie“, a-t-il ajouté, alors que JP Morgan ni les accusations.
Une ordonnance contre le “debanking”
“Nous ne mettons pas fin aux relations clients en raison d’une affiliation religieuse ou politique, et nous ne l’avons pas fait avec votre compte”, écrivait le directeur général Larry Thode, dans une lettre d’octobre 2022 consultée par Reuters.
Cette polémique intervient alors que la Maison Blanche prépare une riposte juridique contre le “debanking”. Selon le Wall Street Journal, Trump travaille sur une ordonnance exécutive qui donnerait aux régulateurs le pouvoir d’enquêter sur les banques soupçonnées de fermer des comptes pour des motifs politiques.
Cette mesure vérifierait si ces pratiques violent les lois existantes sur l’égalité de crédit, la concurrence ou la protection des consommateurs. En cas de violation avérée, les banques concernées risqueraient des amendes, des mesures correctives ou d’autres sanctions disciplinaires.