France : le “Lokal rouvre”, la justice s’invite
12 octobre 2025L’émission à l’origine du scandale après la diffusion des images du décès du streameur Raphaël Graven, alias Jean Pormanove, a repris ses activités sur Twitch. De quoi susciter l’ouverture d’une nouvelle enquête judiciaire.
Le parquet de Nice a ouvert, vendredi 10 octobre, une enquête préliminaire pour violences volontaires en réunion et diffusion d’images d’atteintes à l’intégrité physique, visant la chaîne Twitch OGK_Decoy. Celle-ci aurait repris les méthodes controversées de l’émission Le Lokal, tristement liée à la mort du streameur Jean Pormanove en août dernier.
De son vrai nom Raphaël Graven, l’homme de 46 ans était décédé en direct sur la plateforme Kick après une dizaine de jours d’un « live » au cours duquel il subissait violences, privations et humiliations sous le regard de milliers d’internautes.
Privation de sommeil, coups, ingestion de produits toxiques… sont autant de pratiques extrêmes qui constituaient le cœur d’un contenu macabre, financé par les dons des spectateurs manifestement avides de sensations fortes.
Depuis le drame, trois procédures demeurent en cours : la première pour violences sur personne vulnérable, la seconde pour provocation à la haine en raison du handicap de la victime, et la troisième, ouverte à Paris, vise la plateforme Kick pour « fourniture en bande organisée de service en ligne illicite ».
Des vidéos choquantes relancent la polémique
Selon Le Monde et Mediapart, la police judiciaire a perquisitionné le studio de la chaîne Twitch OGK_Decoy, avant de placer sous scellés l’ensemble du matériel informatique. Des extraits vidéo montrent des insultes, des rires et ce qui semble être des coups échangés, dans une ambiance rappelant les dérives violentes des anciens directs du Lokal sur Kick.
Cette nouvelle initiative a suscité de vives réactions en ligne. De nombreux internautes y voient un affront à la mémoire de Jean Pormanove, estimant que rejouer les codes de son émission relève d’une provocation déplacée.
Même si l’autopsie a conclu à une mort non due à l’intervention d’un tiers. Cette reprise est d’autant plus surprenante qu’Owen Cenazandotti, alias Naruto, l’un des animateurs emblématiques du Lokal, avait publiquement annoncé la fin du collectif après le bannissement de sa chaîne sur Kick.
Quand le profit l’emporte sur la décence
Mais c’est finalement son frère cadet, Gwen Cenazandotti, qui a pris l’initiative de reprendre le flambeau. Lors d’un live diffusé le 14 septembre sur sa chaîne YouTube Oji Kadekoy, il a justifié cette nouvelle aventure par des raisons financières.
« Va falloir rebosser pour payer le loyer, etc. », a-t-il dit. Une déclaration qui a immédiatement ravivé les critiques à l’égard du projet et relancé le débat autour des motivations économiques du streaming.
Au-delà de la polémique, cette reprise interroge plus largement le rapport du numérique à la dignité humaine, dans un univers où la quête de vues et de dons semble parfois primer sur toute considération morale.

