Le facteur carbone des énergéticiens européens repart à la baisse
26 juin 2015Après deux années 2011 et 2012 caractérisées par une hausse alarmante des émissions de gaz à effet de serre dans la production énergétique européenne, le nouveau rapport des cabinets d’expertise Pwc et Enerpresse met à jour une tendance à la baisse pour l’année 2013. Le facteur carbone moyen s’établit désormais à 328 kg C02/MWh contre 346 kg CO2/MWh en 2012, soit une diminution de 5,2%. Avec cette valeur, le facteur carbone atteint son plus bas niveau depuis le début des années 2000 et dénote d’une évolution encourageante à seulement quelques mois de la Conférence sur le climat COP21 organisée à Paris.
Pour expliquer cette tendance, PwC et Enerpresse mettent en avant la baisse de la production énergétique en Europe ainsi que le maintien de la pression réglementaire sur les émissions carbone. En 2013, la production d’électricité des vingt entreprises étudiées a baissé de 53 TWh, passant de 2.098 TWh à 2.045 TWh, soit une diminution de 2,5 % par rapport à 2012. Une tendance qui s’explique notamment par le contexte économique délicat en Europe mais également par des températures estivales et hivernales clémentes limitant ainsi la consommation d’électricité.
Les émissions de CO2 des producteurs d’électricité européens ont elles aussi enregistré un baisse significative sur l’année 2013 (-7,6 %, soit une baisse plus marquée que celle de la production d’électricité), passant de 725 millions de tonnes de CO2 (Mt CO2) en 2012 à 671 Mt CO2 l’année suivante. Dans le détail, quinze des vingt sociétés étudiées présentent une diminution de leur facteur carbone, une baisse en partie corrélée à l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique de ces sociétés comme pour Iberdrola (Espagne) ou Dong (Danemark), mais pas seulement. On notera par exemple la bonne performances de RWE qui après deux années de hausse, a enregistré une baisse de 17 Mt CO2, soit 11% de ses émissions. Cette forte réduction s’explique majoritairement par une diminution de la production thermique au charbon au Royaume-Uni. Autre exemple, le groupe Enel a réduit ses émissions de 11% lui aussi sur l’exercice 2013 grâce à l’augmentation de la production renouvelable (+3%) et à la diminution de la production fossile.
Le groupe français EDF, premier producteur d’électricité en Europe, arrive quant à lui en cinquième position en matière d’émissions avec 53 Mt CO2 (-7 Mt CO2) pour une production totale de 601 TWh, pourtant largement supérieure à celle de ces concurrents. Avec 88 kg CO2/MWh pour l’année 2013, EDF fait d’ailleurs partie des sept entreprises présentant un facteur carbone inférieur au facteur carbone européen. Une performance rendue possible par des mix énergétiques composés principalement d’énergie hydraulique ou nucléaire et que l’on retrouve également chez les groupes Statkraft, Fortum, Verbund, PVO, Iberdrola & Scottish Power et Dong.
De 2012 à 2013, la part des énergies renouvelables dans le mix électrique du panel des 20 sociétés s’est accrue de 19,3 % à 20,6 % et la production nette annuelle à partir d’énergies renouvelables a augmenté de 18 TWh. Sur la même période, la production d’énergies non renouvelables a baissé de 71 TWh pour une baisse générale de la production de 53 TWh. Des chiffres qui démontrent le rôle encore timide des énergies renouvelables dans la réduction des émissions de CO2 et la nécessité de poursuivre nos efforts pour diminuer le recours aux combustibles fossiles.
Comme l’explique Thierry Raes, Associé PwC Stratégie et Développement durable, “cette année encore, la cause principale de la réduction du facteur carbone reste l’amélioration du facteur carbone des filières non renouvelables. Le recours croissant aux énergies renouvelables ne joue, pour l’instant du moins, que de façon minoritaire. Le fait d’augmenter la part du nucléaire, de substituer le gaz au charbon ou d’améliorer l’efficacité énergétique permet quant à lui réellement de diminuer le facteur carbone”.