Les arbres sont stressés par la pollution sonore

Les arbres sont stressés par la pollution sonore

11 mai 2021 0 Par Adrien Rimena

Qui désire vivre dans un immeuble où le bruit règne ? Qui souhaite résider non loin d’une autoroute ? Qui aimerait être à proximité d’un aéroport ? Idem pour les insectes et oiseaux pollinisateurs qui s’en vont des arbres, véritables victimes du bruit. En plus de cela, ces derniers gardent des séquelles sur le long terme, même une fois le silence revenu.

En tout cas, c’est ce que dit une étude sur le sujet (qui a tout de même duré environ quinze ans !). Son fil conducteur a été l’observation d’une parcelle d’arbres subissant une pollution sonore constante. Les auteurs mettent notamment en avant (dans les zones étudiées) un affaiblissement de la richesse de la végétation et une série de conséquences écologiques durables, malgré la suppression du bruit.

Qu’est ce que la pollution sonore ?

La pollution sonore a un réel impact sur les arbres et les plantes mais ses conséquences peuvent donc s’étaler à la suite du retour du silence. La pollution sonore en lien avec les activités de l’être humain a connu une forte hausse depuis la moitié du 20ème siècle, un contexte qui a amené les scientifiques à s’attarder sur son effet sur l’environnement, la faune et la flore. D’anciennes études sur le sujet ont déjà examiné les conséquences à court terme du bruit — qui impacte négativement et pousse les pollinisateurs comme par exemple les insectes à partir — sur les arbres, mais peu d’experts se sont penchés sur les impacts à long terme. Néanmoins, des scientifiques américains ont étudié des arbres subissant durant quinze années un niveau haut de bruit artificiel. Cette expérience s’est déroulée au Nouveau-Mexique.

Selon l’étude apparue dans le célèbre journal scientifique Proceedings of the Royal Society B, ils ont découvert une baisse de 75 % de récentes pousses de pins à pignon dans les zones bruyantes par rapport aux endroits où il y a moins de bruit. Ils ont par la suite étudié les lieux où la pollution sonore n’était plus là afin de constater quelle était la réaction des arbres, prenant comme éventualité que ces populations (que sont les genévriers et les pins à pignons) allaient vite se remettre sur pieds, dès que les geais semant les graines seraient de retour sur la parcelle à nouveau silencieuse.

De véritables conséquences sur la biodiversité

Néanmoins, inversement, ils ont vu un réel affaiblissement des nouvelles pousses sur le long terme, les oiseaux notamment ne désirant plus retourner sur ces sites. Les conséquences de la pollution sonore engendrée par l’être humain touchent au plus profond et durablement les communautés forestières.

C’est en tout cas les conclusions d’un scientifique nommé Clint Francis. Ce dernier n’est autre que le coauteur de l’étude, travaillant à l’université polytechnique américaine de l’État de Californie. Aspect essentiel qu’on apprend avec cette étude : faire disparaître le bruit ne veut pas nécessairement dire que les fonctions écologiques reprennent.

Un vrai souci pour les animaux

Concernant les animaux pollinisateurs, ils peuvent se mettre à l’écart même si le bruit s’en va : des animaux (et surtout des oiseaux) comme par exemple le geai buissonnier sont plus vulnérables face au bruit et au fil du temps et de leurs habitudes, ils ne se rendent plus dans certains lieux spécifiques.

Il faut un certain temps aux animaux afin de remettre les pieds (ou les pattes !) dans ces endroits trop bruyants dans le passé. À l’heure actuelle, il est extrêmement difficile d’estimer ce temps. Point important : il y a prise en compte des nuisances sonores dans l’analyse des conséquences de l’urbanisation sur l’environnement. Néanmoins, on ne s’attarde pas encore assez à l’heure actuelle sur la pollution sonore ainsi que divers autres polluants sensoriels comme cela est par exemple le cas avec la lumière.