Inquiétude autour d’une disparition d’une barrière de glace en Antarctique

Inquiétude autour d’une disparition d’une barrière de glace en Antarctique

7 avril 2022 0 Par Adrien Rimena

Un effondrement d’un bloc de glace a récemment marqué l’Antarctique. La cause est toute trouvée : des températures extrêmement chaudes en Antarctique. Dans cette zone glaciale, le détachement d’un énorme bloc de glace comparable à des villes comme Los Angeles ou Rome a eu lieu. Il faut dire que quand ce phénomène a eu lieu, les températures étaient extrêmement hautes. Il s’agit de l’un des plus conséquents effondrements de barrière de glace depuis une vingtaine d’années.

La barrière de glace concernée était de 1 200 kilomètres carrés. L’effondrement a eu lieu en mars de cette année en Antarctique de l’Est, lors d’une vague de chaleur unique pour le continent.

Une chaleur record survenue le jour de l’effondrement

Entre le 15 et le 20 mars 2022, l’Antarctique a rencontré des températures situées au-delà de trente à quarante degrés aux moyennes de saison. Sur des lieux spécifiques en montagne, des records inédits de chaleur ont été relevés. Ainsi, le 18 mars dernier, la station de Concordia (station de recherche franco-italienne permanente du Territoire antarctique australien), présente à 3.234 mètres d’altitude, a effectué un enregistrement de -12,2 °C, ce qui correspond à environ 40 °C au-dessus des moyennes saisonnières. C’est tout simplement la température la plus haute relevée dans cette zone, et cela peu importe le mois. Des zones côtières ont rencontré des températures positives tandis qu’à cette période, les températures devraient chuter, car le pôle Sud débute sa saison automnale.

L’effondrement de la barrière de glace Conger a eu lieu le 15 mars, soit la toute première journée de cet épisode de chaleur unique pour la région. Néanmoins, les experts ont relevé des signes d’affaiblissement entre le 5 et le 7 mars via les informations satellites. Il est quasiment certain que la chaleur inédite est la cause de l’effondrement du bloc de glace, qui présente déjà certaines fragilités.

Si le détachement de blocs de glace survient souvent, et de façon naturelle, en Antarctique, cet effondrement est un des plus conséquents depuis plus d’une vingtaine d’années. La station météo située la plus à proximité de la zone d’effondrement (nommée Casey) est présente à 300 kilomètres et elle a relevé en mars une température de 5,6 degrés. C’est un record inédit, supplantant le précédent record datant d’un peu plus d’un an (4,1 degrés).

L’est de l’Antarctique n’est plus protégé du bouleversement du climat

Plus que la taille du bloc de glace qui s’est brisée, c’est bel et bien son emplacement sur le continent qui est problématique. En effet, la plateforme Conger est présente en Antarctique de l’est, une zone que les glaciologues pensaient moins concernée par le bouleversement du climat.

L’est de l’Antarctique est connu beaucoup plus stable que l’ouest, lieu où les effondrements sont récurrents et la perte de glace gagne en ampleur depuis une cinquantaine d’années. La plateforme Conger a débuté son rétrécissement depuis maintenant plus de 50 ans, et a dévoilé une désintégration plus conséquente cette dernière décennie.

L’effondrement d’un bloc aussi grand aura-t-il des effets ?

À l’heure actuelle, il n’y en a aucun. Néanmoins, les barrières de glace permettent une meilleure stabilisation de la calotte glaciaire. Ce sont des masses flottantes d’eau gelée qui offrent un prolongement aux glaciers assis sur le continent. Par conséquent, le fait qu’une plateforme disparaisse n’engendre pas de hausse du niveau de la mer car cette dernière est déjà en flottaison sur l’océan.

Or, elle l’effectue de manière secondaire en engendrant l’accélération de l’écoulement des glaciers en amont. La fonction de ces contreforts est essentielle par rapport à la stabilisation de la calotte glaciaire de l’Antarctique qui, pour sa part, se base sur la terre ferme. Enfin, sachez que l’étendue de la glace en Antarctique durant février 2022 est la plus basse jamais relevée, avec près de 29,6 % en dessous de la moyenne. Inquiétant pour l’avenir du continent de glace …