Marseille face à un terrible réchauffement dans 100 ans
15 décembre 2022En France, les températures pourraient monter de 8,2 degrés d’ici le 22ème siècle. La cité phocéenne pourrait alors avoir un climat comme celui de la villes italienne de Naples ou de la capitale tunisienne Tunis. Dans de telles conditions, Marseille connaîtrait des soucis inédits. À titre de comparaison, la canicule de 2003 serait caractérisée comme fraîche en comparaison à la température moyenne estivale à la fin du 21ème siècle. Effrayant.
Récemment, des experts ont utilisé la technique de calcul de prévisions dont ce sert le Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Ces spécialistes l’ont appliqué à la France. Conclusion ? Les prédictions en termes de températures ont connu une franche augmentation. Le dérèglement du climat va être encore plus puissant qu’on ne le pensait. Par conséquent, si on se fie au « Earth System Dynamics », le réchauffement pourrait être jusqu’à moitié plus fort lors du siècle prochain que ce que dévoilent les prévisions antérieures.
Quels effets pour la cité phocéenne s’il y a vérification du contexte ? Un spécialiste du groupe régional d’experts sur le climat en Provence-Alpes-Côte d’Azur nous en dit plus sur le phénomène à l’œuvre.
Les exceptions d’hier vont devenir la norme de demain
Si on se fie aux prévisions, la canicule de 2003 n’en serait donc plus une à la fin du 21ème siècle. Dans moins de 80 ans, la température moyenne estivale aura augmenté de … sept degrés ! Ce qui n’était que rare aujourd’hui va devenir normal dans quelques décennies.
Or, selon les scientifiques, le point le plus alarmant serait essentiellement l’aspect instable et déroutant du climat futur. L’expert envisage une hausse de la récurrence « d’événements exceptionnels ». Ainsi, les sécheresses, les canicules et les épisodes de chaleur vont se multiplier à l’avenir.
Les changements climatiques et essentiellement les tendances de températures extrêmes auront de terribles effets sur la ressource en eau, l’agriculture, la flore, la faune, mais également le confort thermique des habitations. La santé (surtout celle des seniors) sera aussi impactée. Idem pour la consommation d’énergie.
Des soucis d’accès à l’eau
Si on se fie aux spécialistes du GREC-SUD, la cité phocéenne pourrait subir un climat semblable à celui de grandes agglomérations étrangères comme Naples et Tunis d’ici le 22ème siècle. Outre les températures plus élevées, cela veut aussi dire une sécheresse plus prononcée et une baisse des précipitations. Ainsi, cela va engendrer des problèmes d’accès et d’utilisation de l’eau.
D’ailleurs, ce souci est déjà survenu en 2022, avec la sécheresse qui a engendré des dégradations d’approvisionnement en eau dans plusieurs départements français, notamment dans l’arrière-pays de Provence. La baisse des précipitations va aussi impacter durement la régénération des nappes phréatiques.
Il n’y a qu’une centaine de millimètres de pluie recensé cette année dans la cité phocéenne. En moyenne, les précipitations étaient six fois plus importantes. Il faut dire que plus les températures sont élevées, plus l’évaporation est grande. La simple désalinisation de l’eau de mer ne permettra pas de régler la raréfaction de l’eau. C’est pourquoi il va falloir repenser nos utilisations actuelles. Dans le cas contraire, des conflits pourraient survenir. La récupération de l’eau de pluie est une solution à développer.
Individuellement, chaque ménage devrait également adopter les bons gestes pour économiser l’eau : opter pour une douche au lieu d’un bain, se servir d’un pommeau de douche économique, chasser moins d’eau dans les WC, dénicher les fuites et les réparer, ne pas laisser couler l’eau, acheter des équipements économes et choisir un arrosage économique (privilégier le goutte-à-goutte avec goutteurs réglables au simple tuyau). Vous pouvez même aller jusqu’à installer des toilettes sèches !
Un climat semblable à celui de villes telles que Naples ou Tunis
Ce bouleversement climatique va augmenter la chance de survenue de multiples dangers, comme les incendies. Si ces derniers sont la plupart du temps mieux maîtrisés depuis les années 90, la hausse de la récurrence des méga-feux comme ceux que l’on a pu vivre durant la saison estivale est un point alarmant.
Effectivement, nous ne savons pas de quelle façon les gérer. Or, les évènements exceptionnels de ce genre seront de plus en plus courants dans les années à venir. Et il sera encore plus difficile de les prévoir. Autre souci : le changement complet de la faune et de la flore marine. À cause d’eaux plus chaudes, les paysages marins seront grandement impactés. Ainsi, les coraux vont être de moins en moins nombreux. Idem pour les méduses.
En 2022, la mort de près des 90 % des gorgones (souvent nommés coraux cornes ou coraux écorce) présents au large de la cité phocéenne a été observée. Et les experts ne savent malheureusement pas de quelle façon ces dernières pourraient se renouveler. Il faut dire que le phénomène est comparable à un incendie de forêt.
Les grandes agglomérations deviennent de véritables îlots de chaleur. C’est pourquoi il faut penser à leur réorganisation. Un écart de température (jusqu’à sept degrés la nuit) est relevé entre les villes et la campagne. Les raisons de ce phénomène ? La bétonisation et l’absence d’espaces verts.
Ce changement n’est pas une contrainte ! Une agglomération avec plus de nature et moins de pollution est préférable pour tous. Par contre, il faudra pour cela repenser les solutions de mobilités. Il est encore possible de choisir l’avenir qu’on désire pour nous, notre planète et nos enfants.
Arrêtons seulement de pointer du doigt les autres par rapport au dérèglement climatique actuel. Il est nécessaire que l’option proposée soit collective. S’agiter ne va rien changer. De réels choix politiques doivent être pris. Si on se fie aux prévisions, le bouleversement du climat va s’accentuer. Ainsi, il va falloir réellement s’y préparer. Le but commun ? Parvenir à la neutralité carbone, le climat finira par se stabiliser. Une mince fenêtre de tir existe encore. Il est encore temps d’agir !