L’industrie du surf se réinvente face à l’urgence climatique
23 novembre 2024Le besoin de rendre la pratique du célèbre sport nautique dans des endroits hostiles contraint les acteurs du secteur à des solutions plus écoresponsables.
C’est de notoriété publique : pour surfer, il faut de l’eau, mais surtout des vagues. D’où la nécessité de l’océan, dont les vagues sont réputées à la fois pour leur puissance et leur régularité. Autant dire la combinaison parfaite d’une bonne partie de surf.
Mais alors que les côtes ne sont pas toujours accessibles et face à la démocratisation du surf combinée aux dangers inhérents à la pratique de cette activité dans l’océan, une nouvelle tendance émerge : le surf dans des environnements maîtrisés, autrement dit loin des milieux naturels.
C’est particulièrement le cas dans zones davantage réputées pour leur aridité – à l’instar du désert – que pour leur abondance en précieux liquide bleu. Cela donne lieu à ce que les adeptes désignent par “surf artificiel”. Il repose notamment sur des systèmes technologiques sophistiqués destinés à reproduire des vagues dites surfables.
Alors que certaines voix n’hésitent pas à y voir une lubie de plus caractéristique de cette société de consommation, les acteurs se défendent, évoquant entre autres un business model plutôt attractif, particulièrement dans les milieux hostiles.
Une révolution technologique
C’est le cas de la vallée de Coachella dans le sud de l’État de Californie, pas vraiment connue pour être une destination océanique, avec des températures pouvant dépasser les 45°C en été. Là-bas, à plus de 160 kilomètres de l’océan le plus proche, un projet digne d’une révolution technologique s’apprête à voir le jour.
Baptisé DSRT Surf, il ambitionne la conception d’une station balnéaire comprenant une lagune de surf de la surface de deux terrains de football. Au cœur de ce défi, figure la technologie dite du “Wavegarden Cove”. Celle-ci devrait notamment permettre, aux progrès en dynamique des fluides et à la puissance de calcul informatique, de reproduire la physique complexe des vagues océaniques.
Les chiffres évoqués par Bloomberg à propos de ce système font état de 400 à 500 vagues importantes générées pour seulement 400 kilowatts/heure, soit moins qu’un télésiège de station de ski.
…Avec des défis environnementaux
Cette prouesse technologique fait froncer les sourcils de certains sur la consommation en eau. Sans compter les critiques des environnementalistes pointant la trop grande quantité d’énergie et de béton – un matériau fortement émetteur de CO2 – nécessaires.
Alors que l’opposition au projet se multiplie, les initiateurs tentent de donner des gages de respect de l’environnement et de la préservation d’une ressource d’autant plus tarissable que l’eau. Le bassin de deux hectares, nécessitant 27 millions de litres d’eau, ne consommerait ainsi que 8% de l’eau utilisée par un parcours de golf traditionnel de la région.
Le projet s’engage dans une démarche de compensation écologique à travers la transformation des pelouses environnantes en jardins adaptés au désert de façon à réduire significativement l’empreinte hydrique globale du site.