Greenpeace dit “NON” à l’agriculture chimique
22 mai 2015L’ONG Greenpeace se trouve une nouvelle fois sous le feu des projecteurs en publiant, mardi 12 mai, un rapport alarmant intitulé “Santé : les pesticides sèment le trouble”. Par ce biais l’organisation compte dénoncer l’utilisation abusive et dangereuse des pesticides dans l’agriculture moderne.
Les premiers constats sont lourds de sens. Il en ressort une volonté d’interdire progressivement les pesticides chimiques de synthèse dans le but de mettre en place une agriculture saine et biologique, plus connue sous le nom scientifique d’agroécologie.
L’agriculture, matière première de notre survie, s’est intensifiée au cours de ces soixante dernières années. Une population croissante et des besoins toujours plus diversifiés ont contraint les hommes à produire plus et en plus grandes quantités. Les produits chimiques, résultante de cette logique productiviste, ont des répercussions néfastes sur les consommateurs à la vue de ce rapport.
“Tous les groupes de population humaine sont, d’une façon ou d’une autre, exposés aux pesticides, et la plupart des pathologies ont de multiples causes – ce qui complique les évaluations sanitaires (Meyer-Baron et al. 2015). De plus la plupart des personnes sont exposés à des cocktails chimiques complexes, qui évoluent sans cesse et ne comportent pas que des pesticides. En réalité les pesticides sont une des composantes d’un lourd fardeau toxique que nous portons au quotidien, par le biais de plusieurs voies d’exposition”, écrit l’organisation.
“L’effet cocktail”, malgré son appellation “apéritive”, est beaucoup moins festif qu’il n’y paraît. En effet, l’association de différentes substances chimiques entre elles est dévastatrice pour nos organismes. Sur le plan pathologique, il décuple selon Greenpeace les risques de cancer, de maladie de Parkinson et d’Alzheimer et de malformations congénitales. Les premiers touchés sont les agriculteurs et leur famille qui manipulent et consomment ces produits. Les femmes, quant à elles, sont plus sujettes aux fausses couches. Le pire reste à venir selon l’ONG. Les enfants exposés contracteraient des leucémies plus fréquentes, auraient une taille et un poids réduits, un quotient intellectuel amoindri et subiraient des modifications comportementales.
“Il existe également un solide faisceau de preuves selon lesquelles l’exposition aux pesticides serait associée à l’affaiblissement du système immunitaire et à des déséquilibres hormonaux”, stipule Greenpeace.
L’ONG prône une agriculture écologique et biologique sans pesticides pour une alimentation saine et sans conséquences pour l’organisme. Suzanne Dalle, représentante de Greenpeace, a affirmé sa volonté de “désintoxiquer notre modèle agricole”. Un tel projet est réalisable mais sous certaines conditions, il en va de soi. Et cela passe par un moratoire, contenu dans ce rapport, visant à responsabiliser les consommateurs, les producteurs mais aussi les hommes politiques sur les bien-fondés d’une agriculture saine. A cette occasion, un rassemblement sensibilisateur s’est déroulé samedi 16 mai dans 21 grandes villes de France.
Cette question ne date pas d’aujourd’hui. La France, en 2008, a lancé le plan “ecophyto” censé permettre la suppression de la moitié des pesticides utilisés sur les cultures du territoire. Sept ans plus tard la courbe ne s’est pas inversée et leur utilisation n’a cessé de s’amplifier. La France, pour pallier ce phénomène, est en train de préparer un nouveau plan “ecophyto” plus structuré.