Viande in vitro : est-elle la solution à l’élevage intensif ?

Viande in vitro : est-elle la solution à l’élevage intensif ?

10 février 2020 0 Par Laïla Clerc

 

Emissions de CO2, épuisement des ressources, maltraitance animale… l’élevage intensif n’a plus vraiment la côte auprès des consommateurs. Pour certains, la solution serait de remplacer la viande « traditionnelle » par de la viande créée de toute pièce à partir de cellules animales : la viande in vitro. Mais cela suffira-t-il ?

L’un des principaux arguments en faveur de la viande de culture est la possibilité de combiner sécurité alimentaire et environnement. Environnement. En effet, en remplaçant totalement la viande issue d’élevage par cet aliment, l’on pourrait réduire à minima les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, tout en continuant à nourrir l’humanité. « Effectivement, si on réduit le nombre de ruminants et qu’on compense cette perte de nourriture par une espèce de culture de cellules, a priori on émettra moins de méthane », explique Jean-Louis Peyraud, ingénieur agronome et chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra).

« La culture de cellules exige beaucoup d’énergie »

Selon des résultats d’une étude menée par des scientifiques des universités d’Oxford et d’Amsterdam, la viande in vitro réduirait précisément de 96% les émissions de GES entraînées par l’élevage. Sa production exigerait par ailleurs entre 7 et 45% d’énergie en moins que celle de la viande produite de manière conventionnelle. Enfin, l’on n’aurait besoin que d’1% des terres et de 4% de l’eau actuellement dévolues au bétail. Ce qui permettrait de lutter contre la déforestation et l’accaparement des terres.

Mais les choses ne sont pas aussi simples. « La culture de cellules exige beaucoup d’énergie, notamment pour maintenir une température constante dans les incubateurs, qui aujourd’hui continue de provenir des énergies fossiles. On remplace donc du méthane par du dioxyde de carbone », poursuit Jean-Louis Peyraud. Or, comme le CO2, le méthane est un gaz à effet de serre. Ce qui est problématique. Comme, il reste peu de temps dans l’atmosphère, car se dégradant très vite, la viande in vitro peut constituer « une solution sur le très court terme. Mais sur plusieurs années, elle pourrait empirer la situation actuelle », conclut le chercheur de l’Inra.

Plutôt repenser notre consommation de protéines

La viande in vitro ne pourra donc pas résoudre définitivement les problèmes actuels de l’élevage intensif. Il faudra plutôt repenser la consommation de protéines malgré tout indispensables pour l’organisme, car jouant un rôle structurel au niveau des muscles et impliqués dans de très nombreux processus, comme la réponse immunitaire, le transport de l’oxygène dans le sang ou encore la digestion.

Réinventer notre alimentation impliquera de prendre en compte certains facteurs comme la taille de l’élevage, le type d’élevage, l’énergie utilisée pour produire de la clean meat, la quantité de ressources naturelles nécessaires…