Diplomatie : Rabat et Nouakchott se rapprochent, les investisseurs marocains trinquent

Avec son nouveau président Mohamed Ould Ghazouani, la Mauritanie a de biens meilleurs rapports avec le Maroc que sous l’ère Mohamed Ould Abdelaziz. En témoigne le règlement en voie du dossier Mohamed Ould Bouamatou et les visites que les dirigeants des deux pays se rendent. Une détente propice à l’afflux des investisseurs marocains et au développement de la Mauritanie.

Ghazouani réchauffe les relations avec le Maroc

Le Ministre des Affaires Etrangères marocain M. Nasser Bourita est arrivé à Nouakchott, le mardi 18 février, pour une visite officielle. Celle-ci s’inscrit dans le cadre des relations entre les peuples marocain et mauritanien, sur fond d’une volonté partagée de les consolider davantage et d’en élargir les horizons, conformément aux souhaits des deux Chefs d’Etat.

Cette embellie des relations diplomatiques maroco-mauritaniens se constate depuis l’élection de Mohamed Ould Ghazouani, diplômé – comme Abdelaziz – de l’Académie militaire royale de Meknès. Contrairement à son prédécesseur, c’est un homme avisé, mesuré et ouvert, autant en direction des opposants mauritaniens que des dirigeants des pays frontaliers comme le Maroc. Même s’il n’a pas encore nommé d’ambassadeur auprès du royaume, il a déjà lancé la construction d’une chancellerie flambant neuve. Un acte qui augure le renforcement de l’axe rabat-Nouakchott.

Mohamed Ould Bouamatou proche de rentrer d’exil

Cette reprise des échanges entre le Maroc et la Mauritanie est facilitée par le règlement du cas Mohamed Ould Bouamatou. Cet homme d’affaires et philanthrope mauritanien a vécu en exil à Marrakech de 2012 à 2018, avant de rejoindre Bruxelles. Au Maroc, il recevait des hommes politiques, chefs d’entreprise et autres émissaires diplomatiques, provoquant l’ire de Mohamed Abdel Aziz. Malgré l’insistance de la Mauritanie, Rabat a toujours décliné les demandes d’extradition. Mais le dossier semble à présent se régler de lui-même puisque le nouveau pouvoir n’a visiblement pas l’intention de poursuivre Mohamed Ould Bouamatou. Mieux, il semble préparer son retour à Nouakchott. En témoigne la réhabilitation de l’entrepreneur lors d’une cérémonie de distinction en décembre 2019. Le gouvernement mauritanien a aussi fait retirer des plaintes d’ONG manipulées par Abdel Aziz et levé les mesures restrictives qui frappaient sa banque (Générale de Banque de Mauritanie-GBM).

Les grands groupes marocains passent à l’offensive

En Mauritanie, la détente avec le Maroc va considérablement accélérer le renforcement ou l’implantation de grands groupes du royaume. Selon nos informations, certains sont déjà actifs dont le géant du sucre Cosumar, qui ambitionne d’ouvrir une unité de raffinage en Mauritanie. Toujours dans l’agroalimentaire, le puissant groupe familial Holmarcom envisage, lui, le rachat d’une marque d’eau minérale locale, Al Kawthar. Quant à la holding royale Al Mada, elle négocie, via sa filiale de grande distribution Marjane, un accord de franchise avec le Groupe LOE, propriété de l’homme d’affaires Limam Ould Ebnou.

Cette offensive devrait renforcer les échanges, déjà importants, entre les deux pays. Au troisième trimestre de l’année 2019, le Maroc a été le deuxième pays d’Afrique avec lequel la Mauritanie a le plus échangé (17,6%), derrière la Côte d’Ivoire (28,20%). Le royaume occupe le même rang en ce qui concerne les exportations vers la Mauritanie avec 23,9%, derrière l’Algérie (28%).