Changement climatique : stopper les émissions de gaz de serre à effet ne suffirait pas …
21 novembre 2020Même si les émissions de gaz à effet de serre baissent considérablement, les températures sur Terre poursuivraient leur augmentation durant des siècles, si on se fit à une simulation du climat international entre les années 1850 et 2500. Il s’agit du résultat de travaux apparus dans la célèbre revue Scientific Reports.
Les experts Jorgen Randers, de la BI Norwegian Business School, et Ulrich Goluke ont effectué la modélisation des conséquences de différentes baisses des émissions sur les changements du climat international entre les années 1850 et 2500 (soit 650 années). Puis, ces scientifiques ont fait des projections de la hausse de la température et du niveau de la mer du globe.
Quels sont les résultats de cette modélisation ?
Sur une planète où les émissions anthropiques de gaz à effet de serre seraient à leur pic dans les années 2030 et baisseraient jusqu’à zéro d’ici 2100, les températures dans le monde seraient quand même plus hautes de trois degrés. Pour ce qui est du niveau de la mer, il serait quant à lui plus haut de trois mètres dans 480 ans (2500 pour être précis), en comparaison avec l’année 1850.
Sur une Terre où la totalité des émissions anthropiques de gaz à effet de serre atteindraient zéro dès cette année, les experts affirment que les températures dans le monde seraient tout de même plus hautes d’à peu près trois degrés. Concernant le niveau des mers, il prendrait pour sa part près de 2,5 mètres d’ici 2500, en comparaison avec l’année 1850.
Explication de cette inertie du système terrestre
Les experts Jorgen Randers et Ulrich Goluke, à l’origine de cette étude, affirment que les températures dans le monde vont poursuivre leur hausse infernale à cause de la fonte inexorable de la glace arctique et du pergélisol (partie d’un cryosol toujours gelée). Il faut savoir que ces phénomènes sont déjà fortement accélérés par le rythme actuel du réchauffement de l’atmosphère. Néanmoins, la fonte de la glace et du pergélisol arctiques a pour conséquence d’optimiser la concentration de vapeur d’eau, de méthane et de CO2 dans l’atmosphère. Ainsi, cela diminue aussi la superficie de surface blanche ayant pour rôle le réfléchissement de la chaleur ainsi que de la lumière du soleil. En tout cas, l’étude est contestée comme vous allez pouvoir le constater.
Des sceptiques chez les climatologues
Le spécialiste du climat Michael Mann, travaillant à l’université d’État de Pennsylvanie aux USA, a pour sa part affiché une opinion négative à l’encontre de cette étude. En effet, l’expert conteste l’utilisation du modèle dans ces travaux. Il affirme qu’il s’agit d’un modèle peu complexe (trop simpliste si vous préférez). Pour lui, il n’est pas une représentation idéale des modèles de circulation atmosphérique à grande échelle. Ainsi, il ne prendrait pas bien en compte la circulation océanique par exemple. Même si ce genre de modèles servent pour des déductions conceptuelles, il faut prendre leurs prédictions avec des pincettes. Michael Mann affirme que les modèles climatiques nettement plus réalistes proposant une solution à la dynamique à grande échelle du cycle de l’océan, de l’atmosphère et du carbone, n’offrent pas les changements incroyables que ces auteurs obtiennent en se basant sur leur modèle extrêmement simplifié.
Zeke Hausfather a lui également fait preuve de son scepticisme envers ces travaux. Il affirme que si les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone actuelles ne changent pas, la température de la Terre augmenterait d’à peu près 0,5 degré. Par contre, il pense que si les émissions s’avèrent être nulles, la diminution des taux de CO2 dans l’atmosphère va contrecarrer un réchauffement additionnel. Son explication ? L’océan va s’équilibrer avec l’atmosphère.