Transplantation cardiaque : Carmat va bientôt commercialiser ses cœurs artificiels en Europe

Transplantation cardiaque : Carmat va bientôt commercialiser ses cœurs artificiels en Europe

6 janvier 2021 0 Par La Rédac

 

Après 27 ans d’efforts, la société française Carmat vient d’obtenir le marquage CE (Certification Européenne) pour son cœur artificiel. Elle pourra ainsi vendre son dispositif en Europe aux personnes souffrant de problèmes cardiaques et en attente d’une transplantation.

Au bout de 27 ans de recherches et d’essais cliniques, le cœur artificiel de Carmat, conçu par le professeur Alain Carpentier en 1993, devient réalité. En effet, la société française vient d’obtenir le marquage CE (certification européenne) qui lui permet de commercialiser le dispositif en Europe. Pour son PDG Stéphane Piat « C’est un record étant donné la complexité d’un tel appareil. ». A présent, « Nous devrons travailler avec des médecins et des centres médicaux maintenant pour offrir notre thérapie et nous devrons rechercher des patients », a-t-il ajouté. Selon lui, « la phase de production sera délicate » car « Il faut deux mois et demi pour produire un cœur. Notre but, c’est d’arriver à 10 par mois. ». Carmat prévoit d’en fabriquer 300 par an d’ici 2023 dans son usine de Vélizy (Yvelines).

L’Allemagne et la France ciblées en premiers

Au niveau de la commercialisation l’entrreprise française a déjà tout prévu. « On va se focaliser sur l’Allemagne, cela représente plus de 40% du marché des technologies d’assistance mécanique, et on va travailler sur la France qui représente 15% du marché à travers l’étude clinique efficace. Avec deux pays on pourra couvrir quasiment 60% du marché européen ». Carmat pourra ensuite vendre son cœur artificiel dans les pays de la communauté européenne et dans une dizaine de pays qui accepte le marquage CE, comme la Russie et le Kazakhstan.

Un cœur à 150 000 euros

Le dispositif est destiné aux personnes qui souffrent d’insuffisance cardiaque avancée et celles en attente d’une transplantation. Il coûterait environ 150 000 euros. Pour ce qui concerne le remboursement par la sécurité sociale, Stéphane Piat a bon espoir que ce sera fait. Pourquoi ? Parce que « ce sera plus rentable d’implanter un cœur que de maintenir des patients en insuffisance cardiaque à l’hôpital », juge-t-il. En France, environ 500 greffes cardiaques sont réalisées chaque année pour 10 000 personnes en attente d’une transplantation.

« D’ici 10 à 15 ans le cœur artificiel sera totalement enfermé dans le thorax »

Malgré l’apport certain qu’il va apporter, le cœur Carmat n’est pas encore capable de prolonger durablement la vie des malades. Lors des essais cliniques entre 2013 et 2016, seul un patient a réussi à survivre plus de deux ans, alors qu’une transplantation classique permet d’espérer vivre 20 ans de plus. Aussi, il y a eu cinq décès, dont certains provoqués par des défaillances de la prothèse. Ce qui n’empêche pas Stéphane Piat d’avoir foi en l’avenir et de penser que l’on pourra changer de cœur aussi facilement que de vêtement.

« Quand je vois d’où on est parti et où on peut arriver avec la technologie, je ne peux qu’avoir une grande foi. En 1957, le pacemaker c’était une grosse boîte à l’extérieur du corps avec deux câbles. Maintenant c’est une pièce d’un euro. Je pense que d’ici 10 à 15 ans le cœur artificiel ou une technologie similaire sera totalement enfermé dans le thorax. Aujourd’hui, nos pompes volumétriques n’ont pas d’usure sur 10 ans. Il y aura une technologie dont on ne sait pas qu’elle est dans le corps », assure le PDG de Carmat.