Accord de Paris : les efforts des plus gros pollueurs restent insuffisants, selon l’ONU
4 mars 2021
Dans un nouveau rapport sur l’Accord de Paris, l’ONU souligne l’insuffisance des efforts des plus gros pollueurs du monde. Alors que le Giec estime qu’il faudrait une réduction de 45 % des émissions d’ici la fin du siècle, les plans climatiques actuels des plus gros pollueurs conduisent à une baisse de moins de 1 % en 2030 par rapport à 2010.
Les quelque 200 signataires de l’Accord de Paris de 2015, qui vise à limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, devaient soumettre avant le 31 décembre 2020 leurs engagements révisés, appelés « contribution déterminée au niveau national » (NDC). Mais seuls 75 Etats, représentant 30 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), l’ont effectivement fait. Leurs plans climatiques actuels conduisent à une baisse des émissions mondiales de moins de 1 % en 2030 par rapport à 2010, a calculé la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Ccnucc).
Un statu quo aberrant
Or, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) estime qu’il faudrait une réduction de 45 % des émissions pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. La Ccnucc juge donc insuffisants les efforts des plus gros pollueurs, dans un rapport de synthèse des plans d’actions nationaux climatiques, appelés contributions déterminées au niveau national (CDN ou NDC), publié le vendredi 26 février 2021. « C’est incroyable de penser qu’alors que les nations font face à une urgence qui pourrait à terme éradiquer la vie humaine sur cette planète, et que malgré toutes les études, tous les rapports et les mises en garde des scientifiques du monde entier, de nombreux pays s’en tiennent à leur approche de statu quo », a dénoncé la responsable climat de l’ONU, Patricia Espinosa, lors d’une conférence de presse.
Des objectifs de réduction beaucoup plus ambitieux pour 2030
Ces dernières années, la planète subit de nombreux dérèglements climatiques, dont les canicules, les tempêtes, les sécheresses et les inondations. Les territoires les plus vulnérables sont les Etats insulaires et les pays du sud comme ceux d’Afrique. Pour l’ONU, le Covid-19 ne doit pas constituer un prétexte à l’inaction des grandes puissances. Ainsi, la Ccnucc appelle les principaux émetteurs à se fixer en urgence des objectifs de réduction beaucoup plus ambitieux pour 2030 dans leurs contributions nationales bien avant la conférence des Nations unies sur le climat (COP 26). Cette dernière se tiendra en novembre prochain à Glasgow, en Ecosse. D’ici là, la Ccnucc publiera un nouveau rapport d’évaluation des NDC.
Etats Unis et Chine devant leurs responsabilités
Les regards sont largement tournés vers les Etats Unis et la Chine, les deux plus gros pollueurs au monde. Les Etats Unis devraient s’engager davantage avec l’arrivée au pouvoir de Joe Biden. Le président démocrate vient de ramener son pays dans l’Accord de Paris, comme il l’avait promis avant son élection. Il a fait du climat l’une de ses priorités, fixant l’atteinte de la neutralité carbone pour son pays avant 2050 comme l’Union européenne et le Royaume Uni. De son côté, la Chine vise l’horizon 2060. Le géant démographique devrait dévoiler son nouveau plan quinquennal le 5 mars, selon la Fondation européenne pour le climat.